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« La politique, ça ne m'intéresse pas, ça ne répond pas à mes problèmes », « De toute façon, les élus, on les voit jamais » : ces phrases reviennent comme une rengaine dans la bouche des jeunes du quartier du Neuhof. Stationnés au pied des immeubles, engagés dans des associations, à la sortie des écoles, ils sont nombreux à exprimer leur défiance vis-à-vis de la politique.

Une défiance qui se manifeste directement dans les urnes. Dans ce quartier jeune et populaire, longtemps terre de la gauche, l'abstention et le nombre de non-inscrits sur les listes électorales atteignent des records. Les partis, de leur propre aveu, n'investissent le Neuhof qu'en période électorale. Certains ne renoncent pas pour autant, comme Yazid qui, à 15 ans, envisage une carrière d'élu local. A l'instar de Youness et Younus, membres du mouvement des jeunes diplômés, d'autres prennent des initiatives pour rediriger le débat vers la vraie préoccupation de la jeunesse du quartier : l'emploi.

« La politique, je ne sais pas ce que c'est »

À 17 ans, Arnaud* a déjà connu la prison. Il a volé un scooter pour le revendre et se faire de l'argent. Au pied de son immeuble, Junior, 22 ans, joue à lancer des pièces de monnaie au plus près du mur pour tuer le temps. Il ne trouve pas de travail et vit au jour le jour. Dans la cité, il y a aussi Mike, 26 ans, et Mourad, 22 ans, qui parlent de révolte et de guerre.
Les élections, ils n'y croient pas, ou plus. Pour eux, la vie publique se résume à leur quartier, dans lequel ils se sentent enfermés et oubliés. Tous sont dans leur « bulle », qu'ils disent prête à éclater.

*certains prénoms ont été modifiés

 

 

 

Un quartier jeune et populaire

Tout au long du XXe siècle, la construction de cités ouvrières et de logements sociaux a façonné le visage du Neuhof. Si le quartier reste aujourd'hui l'un des plus défavorisés de Strasbourg, il n'en est pas moins divisé. Au sud, les zones pavillonnaires ; au nord, les cités. Dans ces barres d'immeubles, les problèmes sociaux sont particulièrement aigus.

 

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