L’élection présidentielle compte un nouveau candidat. Samedi 13 février, le maire de la commune alsacienne de Mumbach, Paul Mumbach, s’est lancé dans la course. Portrait.
Capture d'écran du compte Facebook de Paul Mumbach, maire de Dannemarie
A 64 ans, Paul Mumbach exerce actuellement son deuxième mandat de maire de Dannemarie, commune du Haut-Rhin, dans le Sundgau, d’un peu plus de 2 000 habitants. Politiquement sans étiquette, ancien président de la Fédération démocratique alsacienne (FDA), mouvement qui regroupe les principaux mouvements de défense de l’identité régionale, il est également président de l’Association départementale des maires ruraux de France.
Il est aussi président fondateur du parti Les Fédérés, créé en août 2015. Un parti qui se dit sur son site "attaché à renforcer la libre administration des collectivités territoriales (…) et (favorable) à la mise en place d’une décentralisation forte du pays par une part de libre administration autonome des régions".
L’idée d’une candidature lui est venue à la suite de deux frustrations successives. La fusion de l’Alsace, de la Lorraine, et de la Champagne-Ardenne, tout d’abord, contre laquelle il s'est battu lors de sa direction de la FDA, "parce qu'elle éloigne les centres de décision". Puis une disposition de la loi Notre, qui parachève la réforme territoriale. Fixant un minimum de 15 000 habitants par intercommunalité, la loi Notre impose à six des sept communautés de communes du Sundgau de fusionner. Alors que la Communauté de communes de la Porte d’Alsace, dont fait partie Dannemarie, pourrait également être concernée, il met en garde contre la hausse de la fiscalité qui en découlerait, mais également contre l’atteinte au rôle de proximité des élus, dans une "volonté de les remplacer par des fonctionnaires", de la part de "parlementaires aux ordres des partis dominants", s'emporte-t-il.
Le candidat n’a pas encore de programme précis, mais se dit partisan d'une sixième république, et d'une suppression du Sénat. Il propose aussi de généraliser la pratique des référendums d’initiative populaire, en s’inspirant du modèle suisse, "un modèle qui fonctionne".
Sur les régions, s’il reconnaît que la réforme a été votée démocratiquement, il promet néanmoins de faire ratifier les différentes fusions par les populations concernées, par référendum "comme prévu par la Charte européenne de l’autonomie locale".
Paul Mumbach se présente sous la bannière du parti Les Fédérés, pour lequel il revendique environ 22 000 sympathisants, selon les Dernières nouvelles d'Alsace. Au sein de ce parti, il compte notamment sur le soutien du Mouvement Franche-Comté, qui prônait récemment un rattachement de la région à la Suisse plutôt qu’une fusion avec la Bourgogne. Autre soutien, les Alsaciens réunis, mouvement autonomiste en première ligne lors des manifestions anti-grande région. "Nous avons également des relais en Alsace, en Franche-Comté, en Midi-Pyrénées, mais aussi en Savoie, ou en PACA", explique-t-il.
Au delà des soutiens politiques, le candidat ne se fait pas de souci pour les 500 signatures, objectif principal pour pouvoir ensuite peser dans les débats. Lui-même se dit surpris par les premiers retours des élus démarchés, dont il refuse néanmoins de communiquer le nombre.
L’annonce de la candidature de Paul Mumbach pourrait néanmoins se heurter à la résistance d’un certain nombre d’acteurs de l’autonomisme.
Ancien président de la Fédération démocratique alsacienne, il a pris de court son ancienne association, en annonçant sa candidature sans consultation préalable. "On a été plus que surpris", confirme Jean-François Mattler, son successeur à la présidence.
Or, si à la fédération, on soutient l’idée d’une candidature autonomiste, on mise plutôt sur le Breton Christian Troadec, médiatique leader des grandes manifestations des "bonnets rouges" en 2013, maire de Carhaix (Finistère), et candidat déclaré pour le Mouvement Bretagne et progrès. Paul Mumbach avait lui-même apporté son soutien à Christian Troadec en janvier dernier, en annonçant qu’il lui donnerait sa signature. Pourquoi alors un tel revirement ? Lui, explique des divergences de vue avec Troadec, sans toutefois fermer la porte : "Si Troadec veut être candidat sur le programme des Fédérés, pourquoi pas…", déclare-t-il.
Autre allié duquel il s'est coupé, le parti autonomiste alsacien Unser Land, membre de la FDA. "On est convaincu de l’intérêt d’une candidature régionaliste, mais cela ne doit pas être une décision personnelle", s'insurge Andrée Munchenbach, présidente d'Unser Land, qui dénonce une décision "contre-productive". Les relations entre les deux camps semblent désormais houleuses, l'association les Alsaciens réunis ayant également quitté la Fédération démocratique alsacienne.
Mumbach met en avant des désaccords avec certains membres de la fédération Régions et peuples solidaires, dont fait partie Unser Land, en compagnie notamment de l'Union démocratique bretonne, du Parti occitan, ou du Parti de la nation corse. En cause, certaines accointances avec des "partis politiques dominants", mais aussi une différence de vision sur l’autonomisme. "Certains membres de Régions et peuples solidaires sont des indépendantistes, moi je ne le suis pas, je veux une indépendance financière des régions."
Une mésentente qui pourrait freiner Paul Mumbach. La FDA et Unser Land ont un poids non négligeable. Unser Land a obtenu de bons scores lors des élections départementales puis régionales, et la Fédération compte en son sein quelques collectifs d’élus comme le Collectif des maires indépendants, et les Elus pour la langue et la culture alsacienne.
Antoine Terrel