Le 17 décembre dernier, un homme de 26 ans a été arrêté pour conduite sans permis et assurance et sous l’emprise des stupéfiants. L’affaire n’est arrivée que le 25 septembre devant le tribunal de Strasbourg car il avait donné une fausse identité.
Un cas d'usurpation d'idendité devant le tribunal de Strasbourg. Photo : Louise Pointin
Pull noir, cheveux courts, le regard vers le sol, Emre I. entre dans le box vitré du tribunal de Strasbourg et s’accroche au micro. À aucun moment de l’audience, il n’a contesté les faits. “Je suis là pour assumer mes actes.” Le président du tribunal lui rétorque immédiatement. “Vous dites que vous assumez mais à chaque fois que vous êtes interpellé, vous donnez un autre nom.”
Le 17 décembre 2023, les forces de l’ordre l’arrête en pleine nuit pour un contrôle routier sur une aire d’autoroute à Brumath. Il conduit alors un véhicule sans assurance, sans permis et sous l’emprise du cannabis. Il assure qu’il voulait aller chercher un ami, alcoolisé à la sortie d’une boîte de nuit.
Usurpation d'identité
Quand le président du tribunal lui fait remarquer son imprudence, il répond “je n’étais pas dans mon état normal.” Lors du contrôle, il donne le nom d’un autre homme mais qui avait son permis suspendu. Il avait utilisé cette identité, en 2021. Il avait déjà été condamné et était en détention pour des faits similaires depuis mai et jusqu'en novembre prochain. “J’ai pris son nom à quelques reprises mais il ne fait pas que des choses très bien non plus”, explique le prévenu pendant son audition.
Cette première condamnation permet aux enquêteurs de retrouver la trace d’Emre I.“Vous vous rendez compte que vous avez largement retardé la procédure. Cette personne aurait pu être condamnée à votre place”, s’indigne le président du tribunal. Emre. I acquiesce de la tête sans un mot. Entre son contrôle et son arrestation, il ne s’était jamais présenté auprès des forces de l’ordre pour revenir sur ses déclarations.
"J’ai vraiment besoin de sortir pour reprendre ma vie et mon travail.”
Emre. I gère un garage dans le Bas-Rhin, un prêt et un logement à payer. Pour ces raisons, il en a appelé à la clémence du tribunal. “J’avais besoin d’un tour en prison pour me remettre les idées en place mais maintenant je ne recommencerais plus. J’ai vraiment besoin de sortir pour reprendre ma vie et mon travail.” Alors que le procureur de la République souhaite son maintien en détention, son avocat, lui, demande au tribunal de trouver une autre voie.
“Je trouve regrettable qu’un homme gérant d’une entreprise, qui a à sa charge des employés ait besoin d’un séjour en prison pour revenir sur le droit chemin. Mais je vous assure, il a compris.” Le tribunal a finalement prononcé une peine de six mois d’emprisonnement pour les délits routiers et trois supplémentaires pour la prise du nom d’un tiers. Il devra passer devant un juge d’application des peines pour décider de son maintien ou non en détention.
Louise Pointin
Édité par Gustave Pinard