Pour la rentrée, le magazine "L'Etudiant" a livré son palmarès des villes étudiantes françaises. Strasbourg pointe à une peu glorieuse dixième place derrière Paris, Rennes ou encore Grenoble, première du classement. La capitale européenne paye surtout son cadre de vie, jugé peu agréable.
Strasbourg est la plus internationale des villes étudiantes. Photo: Benoit Collet.
Strasbourg a gagné deux places au classement "L'Etudiant" des villes étudiantes de France pour atteindre la dixième place. Un résultat un peu décevant quand on apprend que Grenoble et Rennes, des villes de taille similaire, trustent les deux premières places. Pour comprendre dans quels domaines la capitale alsacienne pêche, il faut reprendre point par point les critères retenus pour le classement. A gauche, la ville de Strasbourg et ses 59.000 étudiants, à droite, Grenoble qui en compte 58.000. Le combat se jouera en 5 rounds.
Strasbourg fait jeu égal avec Grenoble ici avec un score de 22 sur 30. Strasbourg a su attirer près de 6 000 étudiants supplémentaires en dix ans avec un accent porté sur les échanges internationaux. Elle est la ville la plus cosmopolite de province. Par contre, Grenoble la bat à plate couture sur la recherche (8% d'étudiants en troisième cycle dans l'Isère contre 5,3 seulement en Alsace).
Résultat: Match nul 22-22
Avantage pour Grenoble ici. Même si Strasbourg propose un large choix de formations et de spécialités, elle paye notamment son manque de grandes écoles reconnues. L'école de management (EM) de Strasbourg est beaucoup moins réputée que sa concurrente Grenoble EM. Grenoble dispose en plus d'un groupement d'écoles d'ingénieurs à faire rougir, alors que l'ENA est un peu le cache-misère à Strasbourg.
Résultat: 21 à 18 pour Grenoble
C'est le point fort de Strasbourg. Les étudiants représentent 12% de la population totale de la ville. Les installations culturelles et sportives sont nombreuses, et la ville s'implique fortement pour leur proposer des offres avantageuses(carte culture, programme culturel, applications, etc...). Grenoble ne démérite pas, mais reste un cran en dessous de sa rivale de l'est, notamment en terme de musées d'importance.
Résultat: 24 à 22 pour Strasbourg
Grenoble envoie Strasbourg directement dans les cordes pour cette catégorie. Difficile en effet d'influer sur le nombre d'heures d'ensoleillement qui pénalise Strasbourg d'un 3 sur 10. Malgré la qualité du réseau de transports en commun, le prix de la vie est plus élevé en Alsace, surtout en matière de logement.
Résultat: 21-16 pour Grenoble
Strasbourg accuse le coup en cette fin de combat. Les perspectives d'emploi sont bien meilleures à Grenoble, bénéficiant du dynamisme de la région Rhône-Alpes. En Alsace, le taux de chômage est plus élevé et l'économie a pratiquement stagné ces dix dernières années. Il est temps que le combat s'arrête.
Résultat: 22-16 pour Grenoble
Grenoble remporte le combat 108-96
Au final sur les critères strictement académiques et la qualité de vie, Strasbourg rivalise entièrement avec Grenoble. C'est la situation économique et le marché de l'emploi qui départage les deux villes. Sur ces points Grenoble s'en sort bien mieux. A moins que Strasbourg ne connaisse un changement de climat radical et une réindustrialisation ultra-rapide, il sera difficile pour elle de progresser encore. Elle peut se consoler avec la place de son université dans le classement de Shanghaï, qui la considère comme un des 150 meilleurs établissement du monde.
Paul Salin