François Fillon, Benoît Hamon, Emmanuel Macron, Yannick Jadot et Nicolas Dupont-Aignan ont détaillé leur programme en matière de santé, ce mardi, à l'initiative de la Mutualité Française.
Cinq candidats à la présidentielle se sont succédés, ce matin, au Palais Brongniart à Paris, pour éclaircir leur projet en terme de santé. En parallèle, un sondage Harris interactive publié mardi indique que plus de deux Français sur trois pensent que les soins seront moins bien pris en charge par l'Assurance maladie à l'avenir.
François Fillon, Yannick Jadot, Emmanuel Macron, Nicolas Dupont-Aignan et Benoit Hamon. CC by Rama, Eric Coquelin, Leweb Photos, Marie-Lan Nguyen et Pleclown.
Le candidat des Républicains était particulièrement attendu sur le sujet, après ses propos polémiques sur le rôle de l'assurance maladie. En décembre, il avait proposé de " focaliser " l'assurance maladie sur les gros risques et les affections de longue durée.
François Fillon a souhaité se défendre des accusations de ses détracteurs dès le début de son discours. " J'ai voulu placé la santé au coeur de mon projet, cela m'a valu d'être caricaturé, d'être dénoncé comme le chantre de la privatisation et le faux nez des assureurs privés."
Son programme de santé, plus consensuel pour rassurer son électorat, est concentré sur trois axes. Il veut réformer le système de santé en misant sur la prévention. François Fillon propose la prise en charge par l'assurance maladie " d'une consultation de prévention tous les deux ans pour tous les Français ".
Il veut économiser 20 milliards d'euros sur cinq ans. " Je fais le pari que la prévention rapporte", s'est-il justifié. Il compte s'attaquer aux " soins redondants et inutiles " et à " l'insuffisante coordination des soins ".
Le candidat de la droite souhaite aussi " rembourser les lunettes pour les enfants " à 100 %. Quant à la question de la privatisation de l'assurance maladie, François Fillon a martelé qu'il n'était " pas question de la toucher, encore moins de la privatiser ni de baisser son taux d'intervention ".
François Fillon promet aussi la suppression de l'aide médicale d'Etat (AME) "pour mettre fin à la pression de l'immigration irrégulière" sur ce système. Face au problème des "déserts médicaux", il propose d'inciter les médecins à s'installer dans les zones déficitaires et de "régionaliser" le numerus clausus des étudiants en médecine.
Le candidat de la Belle alliance populaire axe son programme de santé sur une politique " du bien être " . Il veut lutter davantage contre les addictions, encourager une alimentation équilibrée en généralisant " l'accès au bio dans la restauration scolaire ". Benoît Hamon souhaute aussi éradiquer les perturbateurs endocriniens de notre quotidien. " Il ne faut pas avoir la main qui tremble dans ce domaine", a-t-il indiqué au Palais Brongniart.
De nouveau, le candidat socialiste a réaffirmé sa volonté d'arrêter la mise en circulation des véhicules diesel à partir de 2025 pour lutter contre la pollution. Plus largement, Benoît Hamon désire revoir le financement de l'hôpital en instaurant un " financement forfaitaire " et compte améliorer les conditions de travail du personnel.
Macron mise tout sur " une politique volontariste de prévention " : " Les gens n'ont plus la possibilité d'aller chez le médecin alors ils vont à l'hopital. Tout cela coûte trop cher. " Le candidat veut décloisonner l'hopital et propose "de plafonner à 50%" la tarification à l'activité des hôpitaux (T2A) et "d'élargir" les groupements hospitaliers de territoire pour avoir en amont une meilleure organisation de l'offre de soins.
Pour éviter d'augmenter les frais hospitaliers et l'attente à l'hôpital, le candidat d'En marche propose de développer largement l'ambulatoire et de mettre en place " des maisons de répit et des maisons de suite ". Il a également insisté sur sa volonté de " ne pas supprimer de postes dans la fonction publique hospitalière ". Emmanuel Macron souhaite enfin rembourser à 100 % les soins optiques et dentaires à horizon 2022.
Le candidat écologiste a mis en avant la question de la santé au travail. " On ne parle pas de la dégradation des conditions des travail, de la souffrance des travailleurs " . Il propose " d'augmenter le plafond du compte pénibilité à sept ans ". Il a également insisté sur la nécessité de faire davantage de prévention pour les maladies liées à l'environnement. " Il y a 130 morts prématurés par jour à cause de la pollution " , a indiqué Yannick Jadot, pointant du doigt le diesel.
Il souhaite aussi faire la guerre aux perturbateurs endocriniens: " Faire des économies, ce n'est pas pressuriser les infirmières mais les lobbys. " Yannick Jadot annonce vouloir modifier profondément les mécanismes de régulation pour "tout ce qui touche aux remboursements des soins ".
Le candidat de Debout la France propose la suppression du tiers payant et la consultation médicale à 35 euros. Nicolas Dupont-Aignan a aussi annoncé un remboursement de 100 % pour l'optique ou les soins dentaires. Il souhaite également augmenter le numerus clausus " à 10 000 par an ". Il a enfin envisagé de créer " un régime de sécurité sociale unique " à plus long terme.
Fanny Guiné