Ce lundi matin, après le discours de François Hollande à Tombouctou, la presse ne tarit pas d'éloges...et surprise, c'est le Figaro qui mène le bal des enthousiastes. L'édito d'Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction du journal, est à encadrer. Intitulé « Hollande, après les hourras » , le texte fait l'éloge d'un président normal devenu chef de guerre. « À ceux qui lui reprochent ses hésitations, il a montré qu’il savait être au bon endroit dans les moments cruciaux », écrit l'éditorialiste, des trémolos dans la plume – et de continuer sur sa lancée, citant « les mots justes » du président et louant son habileté dans la gestion de la crise malienne. Rien ne va plus dans la presse d'opinion, alors que les joutes sur le mariage homo reprennent de plus belle à l'Assemblée.
Car ce lundi, à en croire les unes de la presse, la majorité avance au rythme des tambours de guerre. "En avant marche", titre Libération, quand Sud-Ouest décrit dans son éditorial "une marche triomphale" : que le champ de bataille soit militaire ou parlementaire, le gouvernement s'en-va-t-en-guerre et enchaîne les victoires de prestige dans le sillage de "Papa François Hollande" -le sobriquet viril et protecteur dont François Sergent, dans Libé, affuble notre Président nouvellement sanctifié dans un Tombouctou en liesse. Et le principal intéressé de déclarer que la journée de dimanche était « la plus importante de (sa) vie politique », rien de moins. L'éditorialiste va plus loin, estimant que "janvier fut le meilleur mois de la présidence Hollande".
Seule ombre au tableau d'honneur, la procréation médicalement assistée (PMA) fait tanguer la majorité: sur le Monde.fr , Jean-Marc Ayrault revient sur les déclarations de Dominique Bertinotti, la ministre déléguée à la Famille, qui avait assuré dimanche qu'un texte contenant la PMA serait présenté « avant la fin de l'année » au Parlement. En visite au Cambodge, le Premier ministre a calmé le jeu, en précisant que le texte attendrait l'avis du Comité consultatif national d'éthique (CCNE)...
La réaction de jean-Marc Ayrault sur BFM TV:
Ce fameux avis ne sera pas rendu avant "quelques mois, sans doute à la rentrée", a indiqué pour sa part ce matin Jean-Jacques Ameisen, le président du CCNE, à Europe 1. Du pain béni pour Jean-François Copé, interviewé sur RTL, qui a immédiatement profité de la brêche pour réaffirmer son opposition à la PMA et dénoncer les "divisions" au sein du gouvernement -après avoir déjà crié "victoire" lors du report du projet de loi.
Après l'adoption, samedi, de l'article 1 du texte de loi sur le mariage homosexuel ( sans fanfare mais avec une standing ovation), Rue89 publie ce matin un long reportage sur le quotidien du Palais Bourbon, l'épicentre des soubresauts politiques devenu une sorte de loft dans lequel contingents de la majorité et de l'opposition cohabitent au rythme des sessions parlementaires. Après des hectolitres de café ingérés, un peu de sudoku, beaucoup de Twitter (au grand dam de certains) et déjà plus de soixante heures de débat, "la fatigue se fait sentir et les cernes se creusent", explique le site d'information.
Au fil des heures, la vie s'organise, chacun ayant ses petits trucs pour combattre la fatigue qui se lit sur les photos du Parisien (comble du relâchement, on voit également les femmes de l'Assemblée déroger au règlement et délaisser la sacro-sainte jupe au profit du pantalon). On apprend ainsi que les députés PS ont mis en place des "quarts", à la manière des marins, pour s'assurer d'être toujours au moins une centaine dans l'hémicyle, que "l’alcool est à éviter, à moins de tenir à somnoler en plein débat" ou encore que Christine Boutin "se gavait de pâtes et de miel" en 1999, lors du marathon du Pacs.
Nuit blanche à l'Assemblée
Et parmi ces députés aux traits tirés et aux chemises froissées, beaucoup de jeunes de la majorité, tout heureux de faire partie de l'évènement. Car "personne, au Palais-Bourbon, n'a mémoire d'un tel record", rapporte le Monde.fr en évoquant un "weekend d'intégration" : à 8h ce lundi, lorsque Claude Bartolone (le président de l'Assemblée nationale) est descendu du perchoir, il mettait fin à 65 heures de débats, tenus quasiment sans interruption. Un record...ou presque.
N'en déplaise aux nouveaux accros des péripéties parlementaires -que Rue89 a rencontrés- , après la nuit blanche des députés, les débats ne reprendront qu'à 16 heures, une fois les organismes reposés. 3211 amendements attendent encore d'être votés entre suspensions de séance, remarques assassines et échanges d'amabilités. Pour ceux qui auraient préféré dormir plutôt que de passer la nuit devant LCP, le résumé du feuilleton parlementaire du weekend est en ligne sur le site de 20minutes.
Matchs tendus à l'Assemblée, matchs truqués dans le monde du football, c'est ce que révèlent Les Echos ce lundi: 425 arbitres, dirigeants de clubs et joueurs sont soupçonnés d'avoir truqué plus de 380 matches de football, dont plusieurs rencontres de Ligue des Champions et certains matches de qualification pour la Coupe du Monde. Du côté des médias sportifs, l'affaire est étonamment absente du site de l'Equipe, tandis que SoFoot préfère ironiser sur les "magouilles" du foot-business. En attendant, Europol, repris par France 24, a annoncé qu'il s'agirait de "la plus grande enquête de tous les temps sur des matches présumés truqués".
Thibault Prévost