L’Assurance maladie s’est prononcée en faveur de la revalorisation des consultations de médecine générale à hauteur de 30 euros. Pour Fabienne Yvon, médecin généraliste du syndicat MG Loire-Atlantique, ce n’est pas suffisant.
Les négociations entre l'Assurance maladie et les syndicats de médecins doivent se poursuivre avant la signature d'une convention. © Unsplash+impulsq
La première tentative de convention entre l’Assurance maladie et les six syndicats de médecins généralistes avait échoué il y a un an. Jeudi 8 février, l'organisme s’est prononcé en faveur de la revalorisation de la consultation de médecine générale à 30 euros, contre 26,50 euros aujourd’hui. Elle évoque néanmoins des contreparties, notamment un renforcement des gardes de nuit, la possibilité pour certains médecins d’être rémunérés au forfait et non à l’acte, et la réduction du nombre de médicaments prescrits. Nous avons posé trois questions à Fabien Yvon, médecin généraliste, membre du syndicat MG en Loire-Atlantique.
Comment accueillez-vous cette annonce de l’Assurance maladie ?
C’est une bonne chose, mais pour l’instant nous n’avons pas plus d’informations. Le passage de la consultation à 30 €, c’est simplement un rattrapage de l’inflation depuis sept ans. Nos charges ont augmenté, comme celles de tout le monde. Mais la revalorisation ne suffit pas, ça ne change rien à nos conditions d’exercice et ne permet pas d’améliorer la prise en charge de nos patients complexes, notamment les plus âgés, car la revalorisation ne concerne que les consultations classiques.
Que pensez-vous des contreparties évoquées ?
Il y a certaines choses qui sont évidentes : améliorer notre qualité de soins et mieux adapter la prescription aux besoins. Pour ce qui est des gardes, 95 % du territoire français est déjà couvert par les médecins libéraux qui se portent volontaires pour les effectuer jusqu’à minuit. Les rendre obligatoires ne changerait pas grand-chose. De plus, nous ajouter des gardes en nuit profonde, c’est-à-dire de minuit à 8 h, me parait idiot. Soit c’est une urgence, et les patients peuvent aller au service d’urgence, soit cela peut attendre le matin. En tant que médecin libéral, si on travaille la nuit, il faut quand même être au cabinet à 8 h.
Comment réagissez-vous à la nomination du nouveau ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux ?
Le nouveau ministre a l’air d’être partisan de l’obligation des gardes et des gardes en nuit profonde. Sa nomination n’est pas un bon signal pour la médecine de ville. Il faut voir ce qu’il va proposer une fois que la négociation entre l’Assurance maladie et les syndicats va aboutir. Il faut donner envie aux jeunes de faire ce métier. S’il n’y a que des mesurettes dans la nouvelle convention, ça ne s’améliorera pas.
Propos recueillis par Clara Grouzis
Édité par Baptiste Huguet