Le groupe ferroviaire a décidé d’externaliser la formation de ses conducteurs de train à une société privée. Un choix contesté en interne.
La formation proposée par Digirail coûte 10 000 euros à la SNCF, un tarif inférieur au coût en interne. Photo libre
C’est une grande première pour la SNCF. Confrontée à une pénurie de main-d'œuvre, l’entreprise nationale va confier la formation de ses conducteurs au secteur privé, selon les informations de Libération. Le groupe ferroviaire, qui a pris des engagements pour 2023, doit recruter plus de 1 200 conducteurs pour atteindre ses objectifs. La SNCF a signalé que ses écoles de formation, dénommées plus familièrement « campus », n’ont pas les capacités de répondre aux besoins futurs. Un conducteur de train est généralement formé en huit mois et l’apprentissage est dispensé par des moniteurs qui sont... aux commandes de train le reste du temps. C’est le serpent qui se mord la queue. Face à cet état d’urgence, l’entreprise a décidé de faire appel à une société privée, Digirail. Créée en 2019 par un ancien cheminot, celle-ci va prendre en charge une cinquantaine de futurs conducteurs de trains régionaux. L’apprentissage sera tout même encadré par le groupe ferroviaire qui validera l’examen final.
Dépôt d’une « alarme sociale »
La réponse des syndicats confrontés à cette externalisation de la formation ne s’est pas fait attendre. Sur Twitter, le compte de l’UNSA Paris-Sud a exprimé son mécontentement : « Il est clair que la sécurité ferroviaire et la formation des agents sont les sanctuaires qui doivent échapper à toutes recherches d’économies. Il en va de la sécurité des circulations ! ».
Sud-Rail s’indigne également, sur le même réseau social : « Vouloir aujourd’hui jouer “les apprentis sorciers” en mettant en place à la va-vite des formations nouvelles formules dispensées par des prestataires extérieurs, c’est tout simplement dangereux ! ». Le syndicat projette de déposer « une alarme sociale » pour contrer ce nouveau dispositif. Contactée par Libération, la SNCF a affirmé que cette externalisation concernera « que les régions où il existe des tensions d’effectif ».
Théodore Laurent
Édité par Tara Abeelack