4,1 % du capital d'Engie ont été cédés, mardi, par l'État. Et ce n'est qu'un début. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a annoncé des privatisations à venir, à hauteur de 10 milliards d'Euros.
L’État a cédé, mardi, 4,1 % de ses participations dans Engie, récupérant ainsi 1,4 milliard d'euros d'argent frais. Il prévoit de collecter en tout dix milliards pour financer un fonds d'innovation, selon les promesses du chef de l'État Emmanuel Macron le 15 juin dernier au salon VivaTech, à Paris. Son ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait précisé, le 6 juillet devant le Sénat, les modalités de financement de ce fonds : il sera alimenté par des cessions de capital du portefeuille de l'État, géré par l'Agence des participations de l’État (APE).
Ce n'est qu'un début. Parmi les entreprises publiques ou à participation publique visées, rien ne filtre. "Les cessions interviendront au rythme et aux conditions les plus intéressantes pour l'État", a tranché Édouard Philippe dimanche sur France Inter et France Info.
Est-il important pour l’État d'avoir des actions dans des entreprises ?
L'agence des participations de l’État (APE) est une holding, créée en 2004, pour gérer le portefeuille public de l’État. Elle "incarne l’État actionnaire, investisseur en fonds propres dans des entreprises jugées stratégiques par l’État, pour stabiliser leur capital ou les accompagner dans leur développement ou leur transformation." Dans le cas des entreprises stratégiques, l'APE se soustrait à un investisseur privé quand celui-ci fait défaut. C'est le cas pour Areva, fleuron de l'industrie nucléaire française. En raison de son niveau d'endettement (6 milliards en 2016), aucun investisseur privé n'a voulu s'impliquer. En quasi-faillite, l’État a décidé de la nationaliser début 2017, c'est-à-dire d'augmenter sa participation à plus de 50 % du capital. L’État peut aussi décider de nationaliser pour écarter le risque d'absorption par un groupe étranger, comme avec le constructeur naval STX. Afin d'éviter le risque, à terme, d'une délocalisation des emplois et de la perte du savoir-faire français. En outre, l’État a un intérêt financier à participer au capital de certaines entreprises. Comme un actionnaire classique, il perçoit chaque année des dividendes. La Française des Jeux, par exemple, est détenue à 72 % par l’État : ce dernier a reçu 130 millions d'euros de dividendes en 2016.
Pourquoi céder certaines participations ?
"Je vais annoncer dans quelques semaines que nous allons privatiser certaines entreprises pour avoir de l’argent afin de financer l’innovation", a annoncé le ministre de l'économie Bruno Le Maire le 2 septembre à Cernobbio, en Italie. "Céder des participations", a corrigé le Premier Ministre Édouard Philippe dans l'émission Questions politiques, dimanche. Le principe est le même : il s'agit de se séparer d'actions détenues par l’État pour obtenir des liquidités, et ainsi allouer plus facilement des financements en direction des Starts-up, via l'APE.
Quelles entreprises seront concernées par cette vague de privatisations ?
Les entreprises concernées par ces privatisations ne sont pas connues, et l’État se garde bien de divulguer leur nom : une pré-annonce pourrait avoir des conséquences sur le cours de bourse de ces entreprises. La Française des Jeux, entreprise publique historique, pourrait être cédée, selon le numéro de Challenges de ce mercredi. Avec 14 milliards de chiffre d'affaires en 2016, l'entreprise intéresse fortement les investisseurs privés. Ce pourrait aussi être le cas des Aéroports de Paris, détenus à 51 % par l’État. Vinci, déjà actionnaire privé principal, veut racheter la participation de l’État. En 2016, Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie, s'était heurté sur ce point à la décision de Manuel Valls. Le futur président avait toutefois acté la privatisation des aéroports de Toulouse et de Lyon, majoritairement détenus par l’État. Parmi les autres entreprises citées, seuls les grands groupes faisant des bénéfices et ayant une solidité financière intéressent les investisseurs. Ce pourrait donc être le cas de Renault, Orange ou encore Air-France KLM.
Paul Boulben