La Collectivité européenne d’Alsace a adopté, lundi 15 février, son premier budget pour l’année 2021. En raison de la crise sanitaire, celui-ci a été remodelé au profit de la solidarité et de la santé.
C’est un budget de crise. La Collectivité européenne d’Alsace (CEA) a adopté ce lundi 15 février à Colmar son budget primitif pour 2021. Le premier de son histoire. Sur un montant global de 2,25 milliards d’euros, 1,096 milliard sera mobilisé en faveur de la solidarité et de la santé, pour répondre à la crise sanitaire de la Covid-19.
Ce budget doit aussi répondre à un autre impératif : refléter les nouvelles compétences dévolues à la CEA.
Un budget "Covid compatible"…
Face à l'augmentation du nombre d'allocataires du revenu de solidarité active (RSA) de 10,5% entre janvier et septembre 2020, la CEA a décidé de mobiliser des moyens en hausse par rapport aux budgets additionnés des départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin l’an dernier. Elle consacrera 318,3 millions d’euros à l'insertion, au logement et à l'emploi dont 285,1 millions d’euros seront consacrés au RSA.
Mais pour faire face à la crise, la CEA prévoit également une enveloppe de 308,56 millions d’euros "pour soutenir l’économie alsacienne" selon le service presse de la collectivité, sans donner les détails de cette somme. L'institution insiste sur l’augmentation de 140 millions d’euros, soit 7,4% du budget global de la collectivité par rapport aux budgets primitifs 2020 du Bas-Rhin et du Haut-Rhin.
…mais pas assez ambitieux
Mais la question est de savoir si la CEA peut à la fois faire face à la crise et prendre pleinement la maîtrise de ses nouvelles compétences avec des moyens limités et un budget contraint.
Lors de la venue du Premier ministre Jean Castex à Colmar il y a quelques semaines, le président de la CEA, Frédéric Bierry a réclamé de nouvelles compétences pour sa collectivité. Encore faut-il déjà exercer pleinement celles du transfrontalier, du bilinguisme, des routes ou encore du tourisme confiées à la collectivité par la loi Alsace. Au-delà des compétences départementales classiques, ce premier budget reste timide sur ces nouvelles politiques.
Ainsi, seulement 56,3 millions d’euros seront consacrés à la santé et notamment au développement de la coopération sanitaire transfrontalière. Et seulement 149 millions d’euros au réseau routier (élargi aux routes nationales).
Quelques semaines après sa naissance, et après l'élection de son premier président, la CEA a voté un budget qui met en relief les forces mais aussi les faiblesses de cette nouvelle collectivité qui doit encore se faire connaître et comprendre des Alsaciens.
Achraf El Barhrassi
Crédit photo : Sébastien Sutter/CeA