En Allemagne, plus de 150 élevages sont mis en cause pour avoir trompé leurs consommateurs. Leurs œufs « biologiques » ne l'étaient pas vraiment. En France, l'Etat veut multiplier par trois les surfaces cultivées en bio. Mais en réalité, bio, ça veut dire quoi ?
Rotation des cultures, engrais vert, compostage ou utilisation d'insectes pour en combattre d'autres; le cahier des charges de l'agriculteur bio peut vite leur sembler désespérant.
Des maximums à respecter
Des engrais peuvent être utilisés, mais uniquement si ils sont naturels et pas issus de la chimie de synthèse. Ainsi, les agriculteurs biologiques polluent donc moins les sols que les autres et ils produisent à une alimentation à priori plus saine. Certains pesticides sont aussi autorisés, mais dans une certaine limite. Un règlement européen stipule qu'ils ne doivent pas présenter « de risque inacceptable pour la santé humaine ou animale, ni pour l'environnement lorsque le produit est utilisé dans des conditions normales. » On trouve ainsi plusieurs catégories autorisées, dont des substances d'origine animale et végétale ou des micro-organismes utilisés dans la lutte biologique contre les ravageurs et les maladies. Des insectes peuvent être utilisés pour en combattre d'autres, plus nuisibles, comme les coccinelles qui mangent les pucerons.
Mais certaines substances naturelles autorisées en agriculture biologique sont loin d'être inoffensives comme le sulfate de cuivre. Cet ingrédient de la bouillie bordelaise permet de traiter les arbres fruitiers pour les protéger des maladies, mais c'est aussi un produit toxique qui pollue la nappe phréatique.
Les agriculteurs bio peuvent utiliser des produits chimiques, mais il doivent respecter les doses imposées dans l'agriculture bio.
Pour beaucoup l'essentiel est ailleurs: il s'agit avant tout de respecter les rythmes de la nature.
Charlotte Stiévenard
Stéphanie Blanchard, productrice bio.
Typologie de logos « bios »
Labels publics
Agriculture biologique, propriété de l'Etat via le ministère de l'Agriculture depuis 1985. Seuls six organismes certificateurs peuvent délivrer ce label. Il garantit 95% des composants du produit estampillé sont issus de l'agriculture biologique.
Labels privés
Nature et Progrès : label privé issu de la fédération international d'agriculture biologique, depuis 1986. Il est plus sévère que le label AB sur la présence de produits non-bios. Il est également decernés sur critères sociaux.
Bio cohérence : crée en 2009, ce label privé revendique 0% d'OGM dans ses cultures, et refuse la mixité (des plantes sans OGM près de plantes avec). Son cahier des charges insiste pour que chacun de ses membres appartiennent à une structure locale.
Demeter : Label de biodynamie. C'est une forme d'agriculture biologique qui suit un calendrier planétaire. La biodynamie pousse à considérer chaque exploitation « comme un être vivant », et veille au bien-être des animaux.
Attention aux faux-amis !
« Alsace bio », « Bio Sud-Ouest », « Interbio Bretagne » ne sont à proprement parler des labels d'agriculture biologique, ce sont des regroupements d'agriculteurs revendiquant une spécialité dans le bio, et une origine régionale.
Yves Common