Va-t-il falloir un passeport vaccinal pour accéder aux bars, restaurants, lieux culturels dans les prochains mois ? Quand d’autres pays européens comme la Grèce, le Danemark ou encore l’Islande poussent en ce sens, combien de temps encore la France va-t-elle résister ? Le gouvernement repousse inlassablement le débat car « prématuré », il s’annonce pourtant inévitable. Vu comme le messie pour des acteurs du tourisme, il donnerait le droit de revivre normalement, clament certains parlementaires.
Mais un droit accordé à combien de personnes ? La phase 2 du plan de vaccination devrait s’achever en juin avec au total 20 millions de vaccinés, de grands veinards. Les hôtels, restaurants, bars, boîtes de nuit seraient alors peuplés de seniors en quête de soleil quand le reste de la population serait privée d’un retour à la vie normale. Et les jeunes déjà congédiés des universités regarderaient leurs grands-parents s’y prélasser un cocktail à la main. À ce manque de festivités s’ajouterait un manque culturel. Les musées, les cinémas, les théâtres… Ces lieux, aussi, leur seraient interdits. Forbidden, prohibido, verboten ! Alors que des milliers de Français rêveraient d’une dose de vaccin injectée dans le bras pour retrouver ces plaisirs perdus.
Si ce passeport voit le jour, la France doit se préparer à l’apparition de queues interminables devant les centres de vaccination, des manifestations… Il creuserait encore plus le fossé générationnel apparu avec la crise sanitaire, accablant la jeunesse déjà sacrifiée pour protéger ses ainés. Une enquête Odoxa révèle que 56 % des Français craignent un conflit de génération. Fragilisés psychologiquement, sans perspectives d’avenir et précarisé, quelque mois de plus privés de liberté seraient le coup de trop.
Claire Birague