crédit photo: Adriane Carroger/CUEJ
Le 7 avril, les Alsaciens sont appelés à se prononcer par référendum sur la fusion des trois collectivités territoriales qui crééra la nouvelle collectivité territoriale d'Alsace. Si le «oui» l'emporte, ce sera une première en France.
Dans quel état d'esprit êtes-vous à un mois du référendum?
Je suis serein. Le sondage paru jeudi dans les Dernières Nouvelles d'Alsace est réconfortant. Il nous encourage à faire ce travail d'explication sur le terrain que nous menons jour après jour. Mais ce qui compte, ce n'est pas seulement de mobiliser les électeurs en faveur du « oui », c'est de les mobiliser tout court. Le 7 avril, dans chaque département, il faudra franchir ce seuil des 25% d'inscrits. Il faudra donc faire campagne jusqu'au bout.
Pourquoi êtes-vous favorable à la création d'une nouvelle collectivité?
L'Alsace est un tout petit territoire qui ne représente qu'1,5% de la France. Nous avons la chance d'avoir une forte identité régionale. L'histoire et la géographie communes de l'Alsace sont des facilitateurs.
Deuxièmement, la conjoncture économique morose nous pousse à vouloir être plus efficace encore. Collectivités confondues, nous avons trois directions de la communication, trois agences économiques, trois agences touristiques. Nous ne pouvons plus nous permettre de telles dépenses, alors que ce qui compte c'est d'avoir une ambition pour l'Alsace et de promouvoir notre région.
En dépit de l'acte III de la décentralisation en préparation, je ne pense pas que demain, notre millefeuille territorial soit simplifié. L'Alsace, de par son identité régionale forte, de par son histoire et sa géographie communes peut être cet exemple que d'autres régions suivront. Qui plus est, la loi du 16 décembre 2010 autorise la fusion d'une région et des départements qui la composent.
Quand vous dites que les Alsaciens sont confrontés à un choix historique qui ne se représentera pas de sitôt s'ils se prononcent pour le non, n'est-ce pas du chantage?
Non, je ne suis pas d'accord. Pour faire aboutir un tel projet, il faut une volonté politique. Et aujourd'hui, l'Etat nous soutient dans notre volonté de fusionner, les trois présidents de chaque collectivité se sont mis d'accord et les élus se sont proncés en faveur de cette fusion. La conjonture des phénomènes -Alsace, petite région à forte identité, la crise économique, la volonté politique des élus- ne se représentera pas. Du moins, pour ma génération. Ce sera donc une grande satisfaction de se dire que par notre action commune, nous contribuerons à écrire l'histoire alsacienne si le «oui» l'emporte.
Les mésententes sur les questions de sièges n'ont-elles pas contribués à brouiller le message auprès des électeurs?
Nous avons clairement dit que le futur siège du Conseil d'Alsace sera à Strasbourg. Il n'a pas de polémique à faire. Il est vrai qu'il a fallu contenter nos amis du Haut-Rhin, enclins à freiner le projet de fusion au départ. Mais ce n'est pas un mauvais argument que de dire qu'il faut assurer l'équilibre territorial de l'Alsace d'une part. D'autre part, il faut bien utiliser les bâtiments existants. Nous voulons faire des économies et pas créer de nouvelles dépenses. Le personnel du CG du Haut-Rhin travaillera pour la future CTA, alors autant les laisser à Colmar. Il nous faut optimiser les moyens du territoire tout en gardant à l'esprit le mot de « proximité ».
Mais je veux bien reconnaître qu'au lieu de parler de siège pour l'assemblée délibérante et l'exécutif, nous aurions dû employer le terme « se réunir ». Au moins, il n'y aurait pas eu d'ambiguité. Une ambiguité exploitée par les élus socialistes strasbourgeois et qui perdure malheureusement.
A propos des économies, les partisans du « oui » citent régulièrement le chiffre de 100 millions d'euros d'économies sur cinq ans. Comment arrivez-vous à un tel chiffre?
Je cite régulièrement les économies réalisées sur les magazines qui promeuvent chaque collectivité: 400 000 euros!
Oui mais on est toujours loin des 100 millions...
Ce n'est quand même pas une bagatelle! Nous fusionnerons les trois agences économiques, les trois agences touristiques et les trois directions de la communication. Nous ferons également des économies de fonctionnement: sur l'achat de voitures. Qui dit moins de voitures dit aussi moins de maintenance. Sur les nouvelles compétences que nous demandons à l'Etat de nous transférer, cela se fera à moyens constants c'est- à- dire que le personnel sera requalifié pour exercer ces nouvelles compétences. Nous ne savons pas encore combien de personnes seront concernées mais chaque année, ce sera 200 agents territoriaux qui partent en retraite. Peut-être choisirons nous de ne pas en remplacer entre 40 et 50.
Et sur le nombre d'élus, y aura-t-il une réduction importante?
Là aussi nous avons proposé d'en supprimer entre 10% et 20%. C'est une volonté de notre part. Mais nous ne sommes pas législateurs. C'est la loi qui fixera le nombre d'élus. Mais notre volonté, c'est de passer à 100 élus contre 122 actuellement. Nous sommes aussi dépendants de la future réforme du mode de scrutin pour les prochaines élections cantonales. Ce n'est pas nous qui avons décidé d'instaurer deux conseillers par canton pour assurer la parité.
Qu'en est-il d'une éventuelle super indemnité pour les futurs conseillers territoriaux d'Alsace?
Honnêtement, je ne sais pas d'où cette idée sort. C'est légitime que les gens se posent la question. Mais en deux ans de discussions pour mener à bien ce projet, nous n'avons pas abordé une seule fois ce sujet. Pour une raison simple: c'est l'Etat qui fixe les indemnités. Mais je suis d'accord que certaines personnalités politiques cumulent en touchant des indeminités importantes. Cela peut effectivement heurter les gens. Mais ce n'est n'est pas mon cas: je suis président du conseil général à plein temps.
Propos receuillis par Adriane Carroger