GoBee Bike se retire de Paris à cause des dégradations subies sur ses vélos en libre-service. La start-up hongkongaise dénonce en filigrane l’incivisme des Français, mais le vandalisme s’observe dans toutes les villes équipées des vélos en libre-service.
Le service de free-floating GoBee Bike se retire de France après seulement quatre mois d’opérationnalité. Équipés de balises GPS, ces vélos s’affranchissent des systèmes de bornes et peuvent être posés n’importe où dans la ville. Présent à Lille, Reims et Paris, mais aussi dans de nombreuses autres villes d’Europe et du monde, les vélos verts ont subi de nombreuses dégradations, vols et privatisations, lesquels ont finalement eu raison du service fourni par la start-up hongkongaise.
GoBee Bike s’en est ému dans un communiqué : « Depuis la mi-décembre, c’est un effet domino de dégradations qui s’est abattu sur notre flotte de vélos, partout où notre service existait en France. Des actes de vols, recels de vol et de détériorations qui n’ont fait que s’amplifier, devenant le nouveau passe-temps d’individus, le plus souvent mineurs, encouragés par des contenus largement diffusés et partagés sur les réseaux sociaux [...] »
Ils ajoutent : « Il nous a été difficile d’admettre qu’une génération d’individus pouvait mettre à mal ce projet si prometteur. »
GOBEE-BIKE, après fermeture, fera don des vélos en bon état (s'il en reste...) aux associations. Associations qui en feront certainement dons, aux racailles qui les vandalisaient... pic.twitter.com/XnQK4nmi4I
— sisyphe07 (@SISYPHE07) 26 février 2018
En France, de nombreuses dégradations ont en effet été constatées : l’entreprise a décompté 3 200 vélos dégradés, plus d’un millier de vélos volés ou privatisés et porté plainte à 280 reprises. À Paris, des vélos errent dans la ville, parfois démembrés ou retrouvés au fond de la Seine, comme l’indiquent les balises GPS équipés sur les deux-roues. L’occasion était trop belle pour certains internautes, qui se sont empressés de dénoncer le manque de civisme des Français.
Départ de GobeeBike: «Le résultat d'un civisme à la française»... https://t.co/yXdgyyiFoh via @Figaro_Economie
— Juliette Singeot (@JulietteSingeot) 26 février 2018
résultat de l’impunité des délinquants =>quand la chienlit domine…les entreprises s’en vont
#Gobee.bike décide de cesser son activité en France en raison des dégradations sur ses vélos et met un terme à son service à #Lille #Reims & #Bruxelles https://t.co/Vt9JJLvbwc— Francois Arielle (@FrancoisArielle) 25 février 2018
Des dégradations observées partout
Pourtant, le problème n’est pas circonscrit à l’Hexagone : partout où GoBee Bike s’est implanté, des dégradations ont été constatées, entraînant le retrait de la start-up des villes où elle s’était implantée : Bruxelles, d’abord en janvier dernier puis Rome, Milan et Turin en février.
La ville suisse de Zurich, pas spécialement connue pour son incivisme, avait aussi subi les actes de délinquants mal intentionnés : « Le vandalisme a été extrême à Zurich, en comparaison avec les autres villes où nous avons lancé notre service » avait jugé Daniel Junge, responsable d’O’Bike en Suisse, un service de free-floating concurrent de GoBee Bike.
Grosse campagne de French bashing sur le manque de civisme des Français après l'arrêt de #GoBeeBike. Petit rappel : pic.twitter.com/1ELBs0LJN7
— Alexandre Berteau (@aBerteau_) 25 février 2018
Ailleurs dans le monde, on observe la même habitude de dégradation, comme à Baltimore, où le système Bike Share a été retiré, dans la ville la plus sûre du monde Singapour, ou encore à Pékin, où l’ensemble de la flotte a été équipé d’un tracker GPS pour prévenir les vols. La liste est longue et s’étend à quasiment toutes les villes équipées d’un service de vélos en libre-service : Manchester, Melbourne, Portland…
#GobeeBike, italiani brava gente? Il mio commento in radio sulla decisione del colosso cinese di bike sharing di abbandonare l'Italia per troppo vandalismo https://t.co/4IIs6sUILF #105Matrix pic.twitter.com/jVOGBM0H8w
— Nicola Porro (@NicolaPorro) 15 février 2018
Les Italiens sont-ils de bonnes personnes ? Mon commentaire à la radio sur la décision du géant chinois du partage de vélo de quitter l'Italie du fait du vandalisme.
Avoir les reins solides
À Paris, les dégradations des Vélib’, que GoBee Bike venait concurrencer, sont légion. Mais le service lancé en 2007 par JCDecaux bénéficie d’une garantie, car il a intégré dans son contrat avec la mairie de Paris les coûts liés aux vols et dégradations.
Selon une étude de L’APUR, l’atelier parisien d’urbanisme, l’équivalent de l’ensemble du parc (20 000 vélos) est volé chaque année, mais 91% des vélos sont retrouvés. En outre, à partir de 5% du parc dégradé, la mairie de Paris participe jusqu’à 450 euros pour chaque vélo dérobés. La chambre régionale des comptes d’Île-de-France avait estimé que le coût pour la mairie était estimé à 3 à 4 millions d’euros versés au prestataire JCDecaux pour l’année 2013.
Les entreprises de free-floating comme GoBee Bike, Ofo ou Mobike ne sont pas adossés à des partenaires publics comme Vélib le fut. Ces entreprises, Hongkongaises pour Gobee Bike, chinoises pour Ofo ou Mobike, doivent anticiper les coûts éventuels sur leurs propres deniers. Pour l’instant, ils survivent grâce aux levées de fonds et n’ont toujours pas trouvé leur modèle économique.
Paul BOULBEN