Le Premier ministre marocain, Abdelilah Benkirane. Crédit photo : Magharebia.
Au Maroc, le parti islamiste Justice et Développement (PJD) du premier ministre Abdelilah Benkirane a confirmé sa progression constante dans les suffrages en remportant les élections régionales, vendredi.
A un an des élections législatives, les scrutins régionaux et municipaux, qui ont eu lieu vendredi 4 septembre, constituaient un véritable test pour le parti au pouvoir, Justice et Développement (PJD). Un test plutôt réussi, puisque le PJD a terminé en tête du scrutin régional et troisième des élections municipales.
Le parti islamiste, dont le secrétaire général, Abdelilah Benkirane, est aussi à la tête du gouvernement, a remporté 174 sièges sur les 678 dans les conseils régionaux, réalisant un score de 25,6 % des voix. Il devance ainsi le principal parti d'opposition, Authenticité et Modernité (PAM), qui décroche 132 sièges (19,4%). Le parti conservateur Istiqlal (PI) signe le troisième score, avec 17,5 % (119 sièges).
"Renforcer notre position"
Alors que les Marocains élisaient pour la première fois leurs conseillers régionaux au suffrage universel direct, la participation s'est élevée à 53,6 %, contre 52,4 % en 2009. A ces élections, le PJD avait pris la 6e place, avec seulement 5,4 % des suffrages.
Une évolution de bon augure pour le parti islamiste, qui espère pouvoir conserver la tête du gouvernement après des élections législatives de 2016.
"Il y a une grande ressemblance entre les élections régionales et les législatives, et nous pensons que cette victoire va renforcer notre position", a assuré à l'AFP Abdelali Hamieddine, un haut responsable de la formation islamiste. "Ces résultats confirment la confiance du peuple marocain dans le travail gouvernemental", a-t-il ajouté.
Même si le PI et le PAM ont refusé toute alliance avec le PJD au niveau local, le parti islamiste devrait diriger trois des quatre régions les plus peuplées du pays, à savoir celles de Fès, Casablanca et Rabat. Ces régions représentent près de la moitié de la population du Maroc et plus de 40 % du PIB national.
La "priorité (de M. Benkirane) ces quatre dernières années, n'était pas tant le travail pour l'intérêt général que pour son clan", a déclaré Mustapha Bakkoury, leader du PAM.
"La réaction des partis d'opposition m'a fait pitié", a répliqué M. Benkirane. "Il faut dire les choses clairement : ils ont été battus et, à mon sens, leur chef respectif aurait dû démissionner."
A l'échelon communal, alors que 31 503 sièges étaient à pourvoir, c'est le PAM qui remporte une majorité de voix (21,1 %, soit 6 655 sièges), devant le parti Istiqlal (12 %, 5 106 sièges) et le PJD (15,9 %, 5 021 sièges). Un score qui dénote un ancrage grandissant du parti islamiste au niveau local, bien qu'il réalise ses meilleurs scores dans les principaux centres urbains du pays, comme Fès.
Bonnes relations avec le palais royal
Le PJD, longtemps cantonné dans l'opposition, a surgi sur le devant de la scène politique marocaine lors du Printemps arabe, remportant 107 des 395 sièges de la chambre basse lors des élections législatives de 2011. Prenant la tête du gouvernement, le Premier ministre Abdelilah Benkirane avait hérité de la tâche délicate de mettre en œuvre la nouvelle constitution, adoptée quelques mois plus tôt sur une initiative royale. Alors que cette loi fondamentale devait octroyer plus de pouvoir au gouvernement, au détriment de la monarchie, le premier ministre a choisi de laisser au palais royal de larges prérogatives.
Si le gouvernement a encore des difficultés à obtenir des résultats, notamment en termes de lutte anticorruption, il s'est illustré sur le plan économique, parvenant à supprimer les subventions sur l'essence sans qu'en découle un conflit social majeur.
Elodie Troadec