La chef de cabinet de la députée européenne a été mise en examen mercredi. Cuej.info revient sur les enquêtes judiciaires qui polluent la campagne de la candidate à la présidentielle.
Les assistants de Marine Le Pen au Parlement européen sont soupçonnés d'emploi fictif. CC by Claude Truong Ngoc
Alors que François Fillon est empêtré depuis un mois dans l’affaire des supposés emplois fictifs de sa femme, Marine Le Pen, souvent prompte à s'indigner, s’est montrée plutôt discrète sur le sujet. Pour cause, le Front national est également touché par plusieurs enquêtes judiciaires.
Après la perquisition au siège du parti lundi, la chef de cabinet de Marine Le Pen, Catherine Griset, et son garde du corps, Thierry Légier, ont été placés en garde à vue mercredi. Si pour ce dernier, aucune suite n’a pour l’instant été donnée, la première a été mise en examen pour recel d’abus de confiance. Le 15 décembre, le parquet de Paris avait ouvert une information judiciaire suspectant les assistants parlementaires des eurodéputés FN de ne pas exercer la fonction pour laquelle ils sont payés mais plutôt pour des activités au sein du parti.
L’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF) réclame à Marine Le Pen, le remboursement des 300 000 euros qui ont servi à rémunérer ces assistants parlementaires présumés fictifs. La dirigeante du Front national a refusé de payer. Le Parlement européen prélève donc directement sur ses indemnités d'eurodéputé.
"Acharnement médiatique et judiciaire"
Face à ces accusations, Marine Le Pen utilise la même technique que François Fillon et Nicolas Sarkozy avant lui. Elle n’a de cesse de critiquer un "acharnement médiatique et judiciaire" comme lors de son intervention, mercredi au 20h de TF1.
"La justice n'est pas un pouvoir mais une autorité. Elle doit se laisser dérouler la campagne présidentielle." #MLPTF1
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 22 février 2017
Sur la même ligne, Florian Philippot vice-président du FN, expliquait à BFM TV que même en cas de mise en examen, Marine Le Pen sera candidate à l'élection présidentielle.
Enquêtes préliminaires
Cette affaire n'en est pourtant qu'une parmi d'autres pour le Front national. En janvier 2016, le Parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire concernant les déclarations de patrimoine de Marine et Jean-Marie Le Pen établies en 2014. Il les suspecte d’avoir sous-évalué certains actifs immobiliers. La présidente du Front national risque trois ans de prison, 45 000 euros d’amende et dix ans d’inéligibilité.
Le parti d'extrême droite est également suspecté d’avoir financé de manière frauduleuse toutes les campagnes électorales depuis 2012. Il aurait surfacturé des prestations, comme la fabrication de tracts, à des sociétés proches du parti (Riwal et Les presses de France). Les candidats bénéficiant du remboursement des frais de campagne par l’Etat, le parti se serait enrichi. Concernant les législatives de 2012, le Front National ainsi que deux de ses membres, le micro-parti Jeanne (un micro-parti est un parti qui ne sert souvent qu'à recueillir des dons et financer les campagnes des candidats) et les sociétés prestataires ont été renvoyés en correctionnelle début octobre.
Entendue comme témoin assisté, Marine Le Pen n’a pas été poursuivie, affirmant qu’elle n’avait pas participé à l’organisation des législatives. Une information judiciaire a néanmoins été ouverte pour les mêmes faits suspectés lors des élections municipales, européennes, sénatoriales et départementales qui se sont tenues entre 2013 et 2014. Enfin, une enquête préliminaire est en cours depuis décembre 2016 sur la campagne des élections régionales de 2015.
Marine Le Pen et nombre de ses proches sont concernés par des enquêtes judiciaires. CC easel.ly/Alexis Boisselier
Alexis Boisselier