Le Premier ministre, Manuel Valls, avait décidé d'utiliser l'article 49:3 pour faire adopter la loi Macron. C'est chose faite. (Photo PS / Flickr / CC)
Avec agitation mais sans surprise. La motion de censure déposée mardi par les groupes UMP et UDI de l'Assemblée nationale n'a pas été adoptée ce jeudi, à l'issue de deux heures de débats mouvementés. Seuls 234 députés sur 577 l'ont votée. Soit les voix de l'UMP, de la plupart de l'UDI, du FN, avec le renfort de six élus du Front de gauche et d'une écologiste. Le gouvernement n'est pas tombé, le texte "pour la croissance et l'activité" est lui directement propulsé au Sénat.
A 16 heures, le président du groupe UMP Christian Jacob avait ouvert les hostilités, en dénonçant l'utilisation de l'article 49.3. "Les masques tombent, vous êtes à la merci de votre majorité, vous ne pilotez plus, vous ne tenez plus le manche !", avait t-il lancé à Manuel Valls, avant de critiquer "la petite loi Macron", qui "se situe entre pas grand chose et rien du tout". Et de demander à François Hollande de "renvoyer les députés devant les électeurs".
#ChristianJacob : "Nous demandons donc à l’Assemblée de vous censurer parce que votre politique économique et sociale est un échec total"
— Députés UMP (@UMP_An) 19 Février 2015
Intervenant juste après, le président de groupe UDI Philippe Vogier a lui aussi vivement raillé le gouvernement. "C'est la manifestation (l'utilisation de l'article 49-3, ndlr) de votre faiblesse. Vous avez préféré les intérêts du parti socialiste à ceux de la France", s'est-il emporté à la tribune, avant d'interpeller les dissidents de la majorité. "Prenez vos responsaibilités, renversez la table autour de laquelle vous êtes confortablement installé. Ce gouvernement vous a trahi", a t-il lancé aux frondeurs du parti socialiste.
Egalement très critique, André Chassaigne (Gauche démocrate et républicaine) a dénoncé une loi "indigne d'un gouvernement de gauche", qui "n'est porteuse d'aucune avancée sociale". "C'est en âme et conscience que notre groupe se présente en faveur de cette motion de censure", a t-il conclu, prenant le soin de préciser que leur censure "n'a rien à voir avec celle présentée par la droite".
Vous imposez le 49-3 qui bâillonne les députés qui voulaient voter contre ce texte #LoiMacron @AndreChassaigne
— PCF (@CNPCF) 19 Février 2015
"L'autorité, c'est assumer ses responsabilités quand l'intérêt supérieur de la nation l'exige", a répondu Manuel Valls, après que les présidents des six groupes se sont succédés à la tribune. Le Premier ministre a présenté l'action de son gouvernement comme la "seule réponse républicaine forte et généreuse qui assume ses responsabilités", face à "celle, autoritaire, de l'extrême droite".
Et maintenant, direction le Sénat pour la loi "pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques", dite loi Macron, désormais adoptée à l'Assemblée nationale.
Thibault Petit