Le président de la République, Emmanuel Macron, a demandé aux propriétaires de baisser les loyers de 5 euros, pour compenser la baisse des APL. Une mesure qui a beaucoup fait réagir, mais pas vraiment avec enthousiasme.
Au beau milieu de l'été, le samedi 22 juillet, le ministère de la Cohésion des Territoires, également chargé du Logement, annonce une baisse des APL de 5 euros dès le mois d'octobre. Il justifie la mesure par "l’application d’une réforme d’économie budgétaire décidée sous le quinquennat précédent et pas encore appliquée".
Cette baisse qui cible les plus pauvres provoque un tollé immédiat, notamment chez les étudiants qui en bénéficient massivement, puisque près de 20 % d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. Les critiques et réactions se poursuivent durant le reste de l'été, alors qu'Emmanuel Macron connaît une fulgurante baisse de sa côte de popularité. Après plusieurs semaines de polémique, le président de la République prend la parole. Mardi 5 septembre, il appelle publiquement les propriétaires à baisser les loyers de 5 euros.
Réactions en série
Sur les réseaux sociaux, les premières réactions oscillent humoristiquement entre incrédulité et sarcasme. Une journaliste propose d'encadrer la citation tandis que d'autres internautes tournent en ridicule le vœu pieu d'Emmanuel Macron. Le président est raillé pour la contradiction entre sa croyance en la vertu du "laissez-faire" économique et son besoin d'intervenir au nom de la "responsabilité collective".
Propriétaires réfractaires
Sur BFM TV, l'Union nationale des propriétaires s'est dite "scandalisée" par l'appel du président et considère que les propriétaires sont "stigmatisés". Plusieurs propriétaires, notamment sur le site de RMC, ont par ailleurs clamé qu'ils n'appliqueraient pas la baisse demandée par Emmanuel Macron.
Gouvernement isolé
Et si ni les locataires ni les propriétaires ne sont contents, l'humeur n'est pas meilleure dans les partis politiques. Le PCF demande, par la voix de Ian Brossard, une loi d'encadrement des loyers à la place de ce qu'il qualifie d' "incantations". L'adjoint au logement (communiste) à la Mairie de Paris somme le président d'étendre et d'approfondir ce dispositif déjà en vigueur dans la capitale.
À droite, Eric Ciotti estime qu'en faisant "peser sur les autres ses erreurs politiques", le président donne "une preuve supplémentaire d'amateurisme". Ce qui n'empêche pas le ministre des Comptes Publics, Gérald Darmamin, de déclarer à La Provence qu'il connaît, dans le Nord, "beaucoup de propriétaires qui ont décidé de baisser de 5 euros le montant du loyer."
La suite promet de ne pas être de tout repos. Jaques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires, a indiqué ce mercredi dans Le Figaro qu'un bouleversement bien plus large des APL était en cours d'élaboration. De quoi attiser encore les colères qui s'accumulent...
Pierre-Olivier Chaput