Les ministères de la transition écologique et de l’agriculture ont dévoilé le « plan loup » pour les cinq prochaines années. Ce plan d’action entre en vigueur ce jeudi. Il devrait concerner à la marge l’Alsace, dans une région où le loup est de passage.
On le croyait disparu mais cet amateur de voyages a fait son retour en Alsace. Le loup a réapparu en 2013 dans le massif vosgien, se reproduisant pour la première fois hors des Alpes. Avant d’être aperçu épisodiquement en 2015 en Alsace et au début de l’année 2017. Ce qui n’est pas sans soulever quelques inquiétudes chez les éleveurs alsaciens. « Il y a de la peur. On ne peut faire cohabiter les loups et les éleveurs. Mes collègues ont pris leurs dispositions. On ne sait pas si le loup reviendra », confie Pascal Klein, éleveur ovin à Schwindratzheim, à 30 minutes de Strasbourg.
Le nouveau « plan loup » 2018-2023, mis en place à partir du 1er février, repose sur un fragile équilibre entre la conciliation de la viabilité de l’espèce et l’activité d’élevage. Objectif : préserver la population de loups qui devrait atteindre 500 individus dans les cinq ans. Le texte prévoit un seuil d’abattage de 40 loups cette année, la conditionnalité de l’indemnisation à la mise en place de mesures de protection et une priorité aux tirs de défense. Cette nouvelle est mal accueillie par les éleveurs qui subissent ces attaques.
La région alsacienne est relativement épargnée par les attaques de loups. En mai 2017, un éleveur de Geishouse, dans le Haut-Rhin, a perdu 12 brebis. Il n’y a pas de meute organisée, seulement deux loups sont recensés au niveau du massif vosgien (sur 360 au niveau national). Certains éleveurs assurent qu’il y en a plusieurs dizaines. « C’est de bonne guerre », souligne Jean-Claude Odille, animateur réseau Alsace-Lorraine de l’association Ferus, qui milite pour la préservation du loup.
Une faible protection
Pour se protéger des attaques, les éleveurs sont invités à mettre en place des mesures de protection du cheptel, à savoir l’utilisation de chiens, des barrières ou l’embauche d’aide-berger. « Des pratiques oubliées » encouragées par Christophe Hosy, coordinateur du réseau biodiversité à France nature environnement. « Peu d’éleveurs ont recours au dispositif d’aide à la protection et sont peu protégés », confirme Philippe Russo, correspondant Loup pour l’association Ferus. Dans le nouveau plan, l’indemnisation est conditionnée à la mise en place de ces protections. Au 31 décembre 2017, dans le Haut-Rhin, 12 procédures d’indemnisation ou en cours d’instruction sont actées (3% de la région Grand-Est).
Et une réponse armée ? Le plan prévoit de fixer un seuil de destruction maximal de 40 loups pour 2018, s’établissant entre 10 à 12% de l’effectif pour la suite. Un seuil qui ne risque pas d’être atteint dans la région. « L’abattage est nécessaire pour maintenir un équilibre. En Alsace, comme les loups sont peu nombreux, il n’y a pas besoin de réguler », note Georges Lang, président de la Fédération des chasseurs du Bas-Rhin.
David HENRY