Au nord de Strasbourg, les citoyens de Hoerdt fêtent le carnaval des seigneurs ou "Herrefasenacht". Les chars du cortège ne traitent pas de sujets trop sensibles.
La ville de Hoerdt au nord de Strasbourg, a la veille du mardi-gras. (Photo: Manuel Fritsch)
A l'occasion du mardi-gras, la ville alsacienne de Hoerdt organise la 65e édition de son carnaval, le "Herresfasenacht". A 14h29 pile, deux cortèges, constitués d'une vingtaine de chars, traverseront le village. Comme le veut la tradition, les chars abordent différents thèmes d'actualité. Et cette actualité pose des cas de conscience aux organisateurs de certains défilés.
A Bâle, le comité du carnaval s'est exprimé contre la présence de caricatures de Mahomet sur les chars bâlois. A Cologne, le comité a même arrêté la construction d'un char qui faisait référence aux attentats contre Charlie Hebdo, à cause des réactions inquiètes des spectateurs. A Hoerdt, on ne voulait pas prendre des telles mesures. "Chez nous, la choix des sujets reste totalement libre, confirme le président de l'association "Herrefasenacht", Réné Wolfhugel. Mais on n'aborde pas de sujets trop sensibles. Il y a une certaine autocensure."
Réné Wolfhugel, président de l'association "Herrefasenacht" de Hoerdt, voulait faire un landeau pour le cortège de cette année... (Photo: Manuel Fritsch)
Les carnavaliers se consacrent à des sujets moins chauds, mais tout aussi actuels – la reforme territoriale, la suspension du Basse Zorn festival, les jeunes pousses à Monaco. "On tente de ne pas rester trop dans le local avec nos chars, pour que les visiteurs puissent les comprendre aussi", confirme M Wolfhugel. Tandis que l'an dernier, le défilé avait attiré presque 20 000 visiteurs, les organisateurs n'attendent pour cette année que la moitié – les jeunes alsaciens ne sont pas encore aux vacances.
...et ce n'était qu'après qu'il a trouvé le sujet du "Baby Boom à Monaco" avec Francis Grathwohl. (Photo: Manuel Fritsch)
Le cortège de Hoerdt est le seul en France qui a lieu le mardi-gras. C'est ce qui a donné le nom au défilé : "Herrefasenacht", le carnaval des seigneurs. Ils étaient les seuls à pouvoir célébrer pendant la semaine, tandis que les paysans fêtaient le dimanche. Jusqu'ici, les Hoerdtois ont résisté à la tentation de décaler le carnaval au dimanche pour attirer davantage de monde. Ils ont préféré de suivre la tradition.
Manuel Fritsch