Le 12e baromètre annuel du Secours populaire, publié mardi 11 septembre 2018, met l'accent sur la précarité alimentaire qui sévit dans l'Hexagone. Malgré une bonne santé économique, l'Alsace ne fait pas exception à la règle.
Un Français sur cinq a du mal à se nourrir correctement selon l'enquête du Secours Populaire, qui met en lumière l'intensification de la pauvreté en France et notamment la précarité alimentaire grandissante. À l'aide d'un échantillon représentatif de 1 016 personnes, l'enquête a montré que les difficultés d'accès à une alimentation saine sont nombreuses.
Des actes aussi anodins que manger quotidiennement des fruits et des légumes, de la viande, ou payer la cantine scolaire s'avèrent être un vrai défi pour de nombreux ménages. 21% des sondés déclarent qu'il leur est difficile d'assurer un menu équilibré trois fois par jour. Ces difficultés sont d'autant plus grandes dans les milieux les plus précaires, pour qui faire trois repas par jour avec une alimentation saine est impossible. Selon l'enquête, près d'une personne sur deux, dont le salaire ne dépasse pas 1 200€ (l'équivalant du SMIC), serait concernée.
Le nombre d'inscrits aux Restos du Coeur augmente
Au second rang derrière l'Île-de-France, l'Alsace est, selon une étude de l'Insee de 2012, l'une des régions où le niveau de vie est le plus élevé. Sa bonne santé économique vient s'ajouter à un tissu associatif dense, sur lequel les plus démunis peuvent compter.
Malgré cela, le territoire alsacien connaît, tout comme le reste de l'Hexagone, la précarité alimentaire. Daniel Belletier, responsable départemental des Restos du Cœur du Bas-Rhin, constate depuis de nombreuses années une augmentation de l'aide alimentaire : « Chaque année, le nombre de repas servis au sein de nos centres d'activités a augmenté de 2 à 5% ».
Avec plus de 700 bénévoles, 16 centres d'activités et 11 000 inscrits chaque saison, les Restos du Coeur du Bas-Rhin fournissent une aide indispensable à un nombre croissant de personnes. Voilà pourquoi l'association a récemment décidé d'augmenter le plafonnement des ressources de son antenne bas-rhinoise pour la saison d'été : « Nous avons pu accueillir 24% d'inscrits en plus par rapport à l'été 2017 » explique Daniel Belletier.
Une pauvreté plus marquée en ville
Si les Restos du Coeur du Bas-Rhin possèdent aussi bien des centres d'activités en ville qu'à la campagne, la majorité d'entre eux se concentrent à Strasbourg et dans sa périphérie. « Sur 16 centres, 10 sont situés dans l'Eurométropole, car c'est là que les besoins d'aide alimentaire se font le plus sentir », indique le responsable. L'étude de l'Insee « Une pauvreté plus présente dans l'espace des grands pôles urbains alsaciens » de 2012 pointait déjà les difficultés auxquelles les villes alsaciennes devaient faire face. Selon cette dernière, les grandes agglomérations concentraient alors plus de 70% des populations les plus pauvres.
Lucie Duboua-Lorsch