Le recadrage du ministre de l’Économie Antoine Armand par Michel Barnier ne passe pas auprès d’une partie des macronistes. Les plus à gauche s’indignent après l’appel téléphonique entre le Premier ministre et Marine Le Pen.
Le Premier ministre Michel Barnier (à droite) a appelé Marine Le Pen pour "rectifier" les propos de son ministre de l'Économie. Photo : AFP, Joel Sagert
Nouveau plomb dans l’aile gauche de la macronie, après la composition d’un gouvernement ancré à droite et les échanges tendus entre le ministre de l’Intérieur et de la Justice. Le Premier ministre Michel Barnier a recadré son ministre de l’Économie Antoine Armand par téléphone, après des propos jugés inappropriés sur le Rassemblement national. Sur France Inter, le nouveau pensionnaire de Bercy jugeait ce mardi matin avoir été élu contre le RN, qui “[n’appartient pas] au front républicain”, et refusait de collaborer avec le parti.
Recadré par le Premier ministre, l’entourage d’Antoine Armand avait dû démentir dans la journée, faisant savoir que “toutes les forces politiques représentées au Parlement” seraient reçues à Bercy. Michel Barnier avait aussi contacté Marine Le Pen pour “rectifier” les propos du ministre, selon Éric Ciotti, chef du groupe Union des droites pour la République et allié du RN. Une séquence qui passe mal pour une partie des députés macronistes.
“Le RN n’est pas dans l’arc républicain”
Certains ont apporté leur soutien au ministre de l’Économie, à l’instar de Stéphane Travert, membre du groupe Ensemble pour la République (EPR, ex-Renaissance) à l’Assemblée nationale. Sur X (ex-Twitter), le député de la Manche avance : “Non, le RN n’est pas dans l’arc républicain”, mettant en avant un échange d’Antoine Armand avec un auditeur d’Europe 1 début septembre.
D’autres réagissent à l’appel téléphonique entre Michel Barnier et Marine Le Pen, estimant que le Premier ministre n’aurait pas dû rassurer la cheffe des députés d’extrême-droite. “Moi, ça me choque, réagissait le député Démocrates (Modem) Erwan Balanant auprès de nos confrères de Franceinfo. J’ai été élu à l’issue d’un front républicain qui a dit les choses clairement.” Interrogé par l’AFP, le député EPR Ludovic Mendes s’indignait que Matignon “ait fait fuiter” cet appel dans la presse.
Des départs parmi les parlementaires ?
La séquence pourrait pousser des députés à quitter le groupe macroniste à l’Assemblée, à la suite de Sacha Houlié, ancien cadre de l’aile gauche du parti, qui siège désormais parmi les non-inscrits. Il le sous-entendait auprès de Franceinfo : “Le Premier ministre explique qu'il faudrait travailler avec le Rassemblement national. Je pense que c'est un problème. Beaucoup de gens comme moi s'interrogent sur l'orientation politique qui semble de toute façon pencher à droite toute.”
La députée Stella Dupont, apparentée EPR et membre du parti En Commun, estime aujourd’hui qu’“Antoine Armand est légitime, comme moi, comme les millions de Français qui ont voté pour le front républicain, à considérer que le RN ne fait pas partie de l’arc républicain”. Elle avait annoncé il y a quelques jours envisager de voter la censure, jugeant le gouvernement “trop à droite”. Les échanges entre Michel Barnier et Marine Le Pen ne devraient pas changer l'avis de celle qui appelait à la création d’un groupe social-démocrate à l’Assemblée.
Yves Poulain avec AFP