Après Le Média, la web-télévision créée par les membres de la France insoumise, le mouvement ouvre sa propre école de formation. Un élément de plus sur la grille de communication déjà bien huilée du mouvement.
« Rendre possible la révolution citoyenne », tel est le credo de l’école de formation insoumise (eFI), lancée ce lundi 29 janvier par les proches de Jean-Luc Mélenchon. Gratuite et en libre accès, l’eFI se veut à la fois militante et populaire, mais elle reste avant tout destinée aux membres du mouvement.
Un des objectifs de la formation est de reprendre les points clés du programme de la France insoumise et d’en expliquer les subtilités, afin que les militants se l’approprient. Tous les mois, un cours magistral se tiendra dans les locaux du mouvement, rue de Dunkerque à Paris, et sera retransmis sur Facebook et Youtube. Leçons de philosophie, d'économie ou tutoriel de prise de parole en public : l’eFI allie la théorie, mais surtout la pratique, dans l’optique de former au terrain ses militants, souvent néophytes en la matière. Ainsi, des études de cas détailleront la façon de mener une grève ou d’être efficient sur les réseaux sociaux.
Avec son école, la France insoumise entend lutter contre la professionnalisation politique, l’étiquette « grandes écoles » ; l’idée que la politique ne serait accessible qu’à une élite. Une initiative qui répond à une volonté inhérente au mouvement. Lors de la dernière convention LFI, en novembre à Clermont-Ferrand, les militants avaient fait la demande d’une école de ce type.
Une éducation 3.0.
La France insoumise n’est pas la seule à se doter d’une antenne « éducative ». La République en marche met déjà à disposition des internautes des MOOCs (cours en ligne gratuits) et vendredi dernier, Christophe Castaner, délégué général du mouvement, annonçait l’ouverture d’un « institut de formation » pour préparer les futurs candidats LREM.
Si elle s’adresse en priorité aux militants, l’eFI reste ouverte aux « non-Insoumis ». Les organisateurs se défendent toutefois de toute volonté d’endoctrinement. « Nous aurons une approche dialectique, le plus souvent via une mise en perspective avec le programme de nos adversaires », assure Manon Le Bretton, ex-candidate LFM aux législatives et co-responsable de l’eFI. « Pour que ce soit de l'endoctrinement, il faudrait qu'on impose la formation à tout le monde », poursuit-elle.
Cette formation alternative fait écho au Média, la web-télévision créée par des « Insoumis » en janvier, mais présentée comme indépendante au mouvement. Les deux semblent pourtant s’inscrire dans un projet plus large, destiné à toucher le plus grand nombre de citoyens - et donc de potentiels électeurs.
Avec ces nouveaux outils, les formations politiques développent une stratégie de communication à contre-courant des partis traditionnels, fondée sur une éducation accessible au plus grand nombre, une éducation « de masse », à l’heure des réseaux sociaux. Une sorte de démocratie participative en somme.
La première leçon de l’eFI, samedi 3 février, portera sur la « philosophie insoumise » et sera administrée par Benoît Schneckenburger, philosophe et accessoirement garde du corps de Jean-Luc Mélenchon. Parmi les thématiques qui seront abordées : le nucléaire, la pauvreté ou encore la VI° République.
Camille Langlade