Alors que les dirigeants nîmois et caennais viennent d'être condamnés, retour sur les derniers scandales de matches arrangés.
Pour la première fois depuis l'affaire OM-VA dans les années 1990, des dirigeants du football professionnel français ont été jugés dans une affaire de matches arrangés. Jean-Marc Conrad et Serge Kasparian, anciens dirigeants du Nîmes Olympique, et Jean-François Fortin ancien président du Stade Malherbe de Caen ont été condamnés dans le procès des matches arrangés de Ligue 2. Retour sur l'affaire, ainsi que sur les scandales de matches truqués des dernières années.
Caen-Nîmes (2014) : des caisses de vin dans le vestiaire
Mai 2014, c'est la fin de la saison en Ligue 2. Pour se maintenir, Nîmes n'a besoin que d'un match nul, tout comme Caen pour assurer sa montée en Ligue 1. La rencontre se termine au ralenti sur un 1-1 qui arrange tout le monde, sous les sifflets du public caennais.
Aucun pari suspect n'est détecté, mais un accord entre les deux clubs est très vite soupçonné, renforcé par des écoutes téléphoniques révélées par le Canard enchaîné. Jean-François Fortin, président de Caen, et Jean-Marc Conrad, dirigeant nîmois se sont appelés deux jours avant le match. « Toi, c'est un point aussi ? » demande Fortin. « Ouais, il nous faut un point, voilà. Dis-toi bien que le nouveau président de Nîmes, il est pas trop con. Il s'est même bonifié et a amené un cadeau pour tout le monde. »
Le « cadeau », c'est plusieurs caisses de vins du Gard, déposées dans le vestiaire caennais à la mi-temps pour matérialiser l'accord entre les dirigeants des deux clubs. Les justices sportive et civile s'intéressent vite à ce match, comme à toute la fin de saison nîmoise. Pour sept matches suspects, le NO est condamné par la Fédération française de football à huit points de pénalité au début de la saison 2015-2016.
Pour cette affaire, le tribunal correctionnel de Paris a condamné sept hommes à des peines allant de huit mois de prison avec sursis à 18 mois ferme. Les ex-dirigeants nîmois Conrad et Kasparian ont été condamné à trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis. Jean-François Fortin, qui a quitté la présidence de Malherbe au printemps 2018, a été condamné à 15 mois avec sursis.
Parme (2018) : Le conte de fées abîmé
Descendu en quatrième division en 2015 après avoir connu les sommets européens à la fin des années 1990, le Parme AC est remonté en un temps record jusqu'en première division. Mais la belle histoire parmesane est entachée d'une sombre affaire de match arrangé en mai 2018.
Quelques heures avant un match capital pour la montée contre La Spezia, l'attaquant parmesan Emanuele Calaio demande à un de ses anciens coéquipiers évoluant dans l'équipe adverse de lever le pied. Parme s'impose tranquillement 2-0. L'attaquant champion du monde Alberto Gilardino, qui évolue à La Spezia, rate notamment un pénalty qu'il frappe largement au dessus.
Calaio est suspendu six mois et est condamné à 30 000 euros d'amende. Parme écope d'une amende de 20 000 euros, mais échappe en appel aux cinq points de pénalité auxquels le club avait été condamné en première instance.
Benfica (2017) : révélations en direct à la télé
Benfica, club le plus titré de l'histoire du Portugal, est plongé dans un scandale de matches truqués depuis l'été 2017. L'affaire est révélée par Francisco Marques, le directeur de la communication du grand rival, le FC Porto. Sur la chaîne de télé officielle du club portiste, Marques vient alors chaque semaine faire en direct de nouvelles révélations.
Le match entre Benfica et Rio Ave, le 24 avril 2016 soulève les plus gros soupçons. Plusieurs joueurs de Rio Ave auraient reçu de l'argent de la part d'hommes d'affaire proches de Benfica pour perdre le match, décisif dans la course au titre. En septembre 2018, cinq dirigeants de Benfica sont mis en examen par la justice portugaise. La justice sportive menace le club lisboète de six mois à trois ans de suspension de toute compétition.
Les Unes de la presse portugaise au lendemain de la mise en examen de Benfica pour corruption et violation du secret judiciaire.
► A bola : "Accusés"
► Revord : "Benfica accusé"
► O Jogo : "Benfica sur le banc des accusés" pic.twitter.com/P6H7keO4fR— Colomban Jaosidy (@CJaosidy) 5 septembre 2018
Italie (2011-2013) : le Calcioscommesse
Le dernier scandale d'envergure du football italien, qui implique plus d'une vingtaine de clubs, une cinquantaine de joueurs et dirigeants, et 85 matches des quatre premières divisions. C'est une organisation de paris singapourienne qui aurait tenu les ficelles de cette vaste entreprise de matches truqués.
Les joueurs complices assuraient aux parieurs le résultat d'un match, permettant aux personnes informées de récolter d'énormes bénéfices. Des sanctions allant jusqu'à cinq ans de suspension tombent pour les joueurs et dirigeants impliqués.
Les clubs concernés échappent à de lourdes sanction, à l'exception de Lecce, relégué administrativement en raison de l'implication directe de plusieurs de ses dirigeants. Antonio Conte, qui entraînait à cette époque Lecce, avant de diriger la Juventus et l'équipe d'Italie, est suspendu quatre mois.
Tom Vergez