Le président de la FNSEA, premier syndicat agricole français, et à la tête d'un gigantesque empire d'agro-business, est décédé brutalement dimanche. Décryptage sur les enjeux autour de sa succession.
La FNSEA, un poids lourd de l'agriculture
Fondée en 1946, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) est le syndicat majoritaire chez les agriculteurs, loin devant la la Coordination rurale et la Confédération paysanne.
L'homme aux sept milliards
Costume ajusté et montre de luxe au poignet, Xavier Beulin semblait plus en phase avec le monde des affaires que la réalité rurale. Défenseur assumé d'une agriculture productiviste et industrielle, il était à la tête d'une holding pesant sept milliards d'euros. Avril, géant agro-industriel, est implanté dans 22 pays, compte 7200 collaborateurs et regroupe 150 sociétés. Il fait partie intégrante de l'alimentation quotidienne, avec notament les huiles Lesieur ou les oeufs Matine. Xavier Beulin était également controversé pour ses prises de position en faveur des OGM, comme le rappelle le journal Libération dans une vidéo :
Xavier Beulin, en cinq déclarations par libezap
Cette double casquette de businessman et de syndicaliste a contribué à faire de Xavier Beulin un personnage décrit comme "le véritable ministre de l'agriculture" par son entourage. Le site d'information écologiste Reporterre l'avait défini dans une enquête comme l'homme aux mille bras, en raison de son emprise tentaculaire sur le monde agricole.
Quelle sera sa succession ?
La disparition brutale de Xavier Beulin laisse vacante la présidence de la FNSEA. Le syndicat n'a pour le moment pas souhaité s'exprimer sur la succesion de son leader. Julien Koegler, secrétaire général des Jeunes agriculteurs du Bas-Rhin, ne doute pas "qu'il parviendront à trouver la bonne personne, même si ça ne se fera pas dans la foulée." Il pense "qu'un nouveau président sera désigné lors du congrès électif qui doit avoir lieu fin mars."
La ligne de la FNSEA devrait rester la même, comme l'explique Julien Koegler : "Son équipe rapprochée avait le même point de vue, même si le futur président va forcément apporter sa nouvelle touche. Il défendait très bien les agriculteurs, seulement une minorité d'entre eux étaient contre sa politique."
Le syndicat minoritaire Confédération paysanne ,qui dénonce la défense d'une agriculture industrielle au détriment de la petite paysannerie, ne se fait pas d'illusion. "Je ne vois pas ce ça va changer", regrette Bruno Dalpra, secrétaire des Amis de la confédaration paysanne."La FNSEA prend une direction de l'agriculture dont on voit les limites avec les crises successives de l'élevage et du lait. Les fermiers qui se lancent dans l'agroécologie s'en sortent mieux que les agriculteurs conventionnels", remarque-t-il.
Volodia Petropavlovsky