Certains, comme le cordonnier Jean-Jacques Bardon, espéraient cette réforme de longue date. (Crédit photo Simon Cardona)
À Dijon ce mardi, Édouard Philippe a confirmé la suppression du RSI à partir du 1er janvier 2018. Les 6,6 millions de travailleurs indépendants seront rattachés au régime général de la Sécurité sociale. Une annonce plutôt bien accueillie par les commerçants strasbourgeois.
Ce matin, le Premier ministre Édouard Philippe s’est rendu dans un salon de coiffure dijonnais pour faire son annonce sur la réforme du régime social des indépendants (RSI). Christelle Barlement est coiffeuse à Strasbourg. Et l’annonce ne lui a fait ni chaud ni froid : « Même s’il n’y a plus de RSI, on va le payer différemment. C’est comme à une époque lorsqu’on payait la taxe professionnelle. Ils l’ont supprimée pour installer le CFE (cotisation foncière des entreprises NDLR). »
Mais peu de travailleurs indépendants ont réagi comme Christelle. L’annonce de cette suppression du RSI était espérée depuis longtemps par les artisans, commerçants et exploitants agricoles. En 2012, la Cour des comptes qualifie le RSI de « catastrophe industrielle ». Une idée partagée par Vincent. La trentaine passée, cogérant d’un nouveau bar au centre de Strasbourg, il n’en est pas à sa première création d’entreprise, a cotisé pendant plus de dix ans au RSI : « Ça va changer beaucoup de choses. On est obligés de cotiser chez eux, et quand on a un problème, ils sont injoignables. C’est une espèce de racket ! Ressenti par la plupart des artisans d’ailleurs. Par exemple, on a créé notre entreprise il y a six mois. Le RSI me prend 2000 euros par mois et je ne me suis pas encore payé une seule fois. »
Un régime qui désespère les jeunes créateurs d’entreprise selon Jean-Jacques Bardon, ancien cordonnier. Toute sa vie, il a cotisé pour le RSI. Aujourd’hui à la retraite, il donne un coup de main à l’ouvrier qu’il a formé. Il le remplace le temps de ses vacances estivales. Car son jeune protégé n’a trouvé personne pour prendre ses congés. Trop peu de monde se tourne vers l’artisanat aujourd’hui : « On aurait bien mieux fait dans les années 60 de rentrer dans le régime général plutôt que de se battre pour en avoir un à part. Regardez le résultat aujourd’hui : il n’y a pas assez d’artisans qui s’installent pour payer la retraite de ceux qui partent », admet le retraité.
En plus d’un nouveau régime, Jean-Jacques Bardon espère de vraies réformes sur l’apprentissage et la formation. Des mesures qui font partie des promesses du gouvernement pour améliorer le sort des travailleurs indépendants. En plus d’un renforcement de la protection sociale, et de l’extension de l’assurance chômage.
Simon Cardona