Largement minoritaires dans les établissements pénitenciers, les femmes sont l'objet d'importantes discriminations lors de leur enfermement, selon un rapport de la contrôleure générale des prisons.
Les femmes, qui ne représentent que 3% de la population carcérale, sont davantage discriminées que les hommes dans les prisons. C'est ce qui ressort d’un rapport d'Adeline Hazan, contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), qui demande un changement drastique de la prise en charge des femmes dans le milieu carcéral.
Maintien difficile des liens familiaux, hébergement peu conforme à leurs besoins, accès réduit ou inadéquat aux activités, les problèmes sont multiples. "Le principe d’égalité n’est absolument pas réalisé dans les lieux d’enfermement et ce constat représente une atteinte aux droits fondamentaux de ces femmes", a déclaré Adeline Hazan lors d’un point presse ce jeudi.
Selon elle, le manque d’établissements carcéraux disposés à accueillir des femmes est un des premiers point de discrimination à leur encontre. Sur les 188 centres de détention en France, seuls 58 ont des aménagements pour des détenues. Et deux seulement, Fleury-Mérogis et Rennes, leur sont entièrement réservés. "Les femmes sont souvent éloignés de leurs proches, ce qui porte atteinte à leur droit au maintien des liens familiaux. Cette situation alimente la surpopulation des quartiers de femmes", souligne Adeline Hazan, qui suggère l’ouverture d’un centre de détention pour femmes dans le sud du pays. Elle rappelle que la majorité de ces établissements est située dans la moitié nord de la France.
Des discriminations déjà dénoncées
La contrôleure des prisons propose de réintroduire une forme de mixité contrôlée, qui permettrait aux détenues de vivre dans des conditions semblables à la vie qu’elles retrouveront à la sortie. Un constat partagé par l’Observatoire international des prisons (OIP). "Nous avions déjà publié un rapport à l’été 2015 qui dénonçait les inégalités dont les femmes sont victimes en prison", rappelle Camille Rosa, de l’OIP. Un texte qui rapportait les témoignages d’anciennes détenues, témoignant de l’isolement dans lequel elles avaient vécu.
Clément Grégoire