Le ministère de l'enseignement supérieur a annoncé une recrudescence de 2 % des étudiants étrangers hors UE dans les universités françaises, suite à l'application de la réforme de l'université depuis la rentrée. Un chiffre qui n'est pas encore définitif et qui ne peut pas déjà être imputé à la politique du gouvernement.
Seules sept universités françaises ont augmenté les frais d'inscriptions des étudiants étrangers hors UE, les 66 autres ont préféré les exonérer de cette hausse./ Photo CC BY 2.0 H.-Chr. Grubler.
En novembre 2018, le Premier ministre Edouard Philippe annonçait une hausse des frais d’inscription universitaires pour les étudiants étrangers, à partir de la rentrée 2019. Si les ressortissants des pays membres de l’Union européenne (UE) ne sont pas concernés par cette mesure, les étudiants dits extra-communautaires, ressortissants d’un pays non membre de l’UE, ont vu leurs frais d’inscription multipliés par 16. Les enseignants ont alors craint une décision qui dissuade les étudiants étrangers de venir dans les universités françaises.
L’UNEF, union nationale des étudiants de France, le principal syndicat étudiant, déclarait en février dernier s’opposer à cette mesure qui devait «opérer un tri social et discriminatoire à l’entrée de nos université». Ainsi, quand l’inscription pour une année en licence coûtait 170 € en 2018, le ministère de l’enseignement supérieur a fixé le nouveau tarif à 2770 €. Pour les étudiants en master, les frais sont passés de 243 € à 3770 €. Quant aux doctorants, le ministère a annulé l’augmentation de leurs frais d’inscription suite aux mouvements de protestations qui ont suivi les annonces du gouvernement.
Pourtant, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal, a déclaré lors d’une interview sur Europe 1, dimanche 8 septembre, que le nombre d’étudiants étrangers extra-communautaire a augmenté de 2 % cette année, laissant entendre que la hausse des tarifs n’a donc aucune conséquences sur l’attrait des universités françaises pour les étudiants étrangers. Cette hausse s’inscrirait au contraire dans une réforme visant à attirer davantage d’étudiants étrangers, que la ministre défendait ce dimanche. Une affirmation loin d’être vérifiable pour l’heure.
Seules sept universités ont appliqué la réforme
«Il y a une hausse du nombre d’étudiants car seulement sept universités ont effectivement mis en place la réforme», d’après Adrien Liénard, responsable des questions sociales à l’UNEF. Les établissements à pratiquer la hausse des frais d’inscriptions restent donc minoritaires en comparaison des 66 universités qui ont contourné ce problème en exonérant leurs étudiants étrangers hors UE de l’augmentation. L’Université de Strasbourg, par exemple, a pris cette décision le 23 avril dernier. L’établissement accueille près de 10000 étudiants étrangers par an, dont 7000 arrivent de pays situés hors de l’Europe. Chaque année, les universités françaises peuvent exonérer des frais d’inscription jusqu’à 10 % de leurs étudiants non boursiers d’Etat. Pour la rentrée 2019, la plupart ont décidé d’inclure les étudiants étrangers extra-communautaires dans ce quota, pour assouplir la dernière réforme. «Le quota est fixé à 10 % et n’a pas pu être rehaussé. Cette année, il a encore été possible d’exonérer la plupart des étudiants étrangers. Mais avec un nombre d’étudiants en constante augmentation, il va être difficile de maintenir ces exonérations», précise Adrien Liénard. L’UNEF craint donc de voir certaines universités dans l’impossibilité de renouveler cette opération dans les années à venir, et donc de voir chuter le taux d’inscription des étrangers.
Campus France, l’organisme en charge de l’accueil des étudiants étrangers en France, a d’ailleurs constaté, dès cette année, une légère baisse du nombre de candidatures dans les universités françaises des étudiants internationaux. Cependant, ces dossiers présentaient de meilleures notes et de meilleurs diplômes. «Cette année, les candidatures étaient de meilleure qualité. Les établissements ont donc admis légèrement plus d’étudiants internationaux que l’année dernière.»
Un comptage pas définitif
«Les inscriptions pour les étudiants étrangers sont toujours en cours, et elles devraient s’étaler sur plusieurs semaines», indique aussi l’Université de Strasbourg, qui n’est pas encore en mesure de communiquer les chiffres de cette année. L’université ne peut donc pas affirmer suivre la tendance annoncée par la ministre, d’accueillir davantage d’étudiants étrangers en 2019. Cette situation concerne d’ailleurs l’ensemble des universités françaises, ce qui pourrait encore modifier les chiffres annoncés dimanche.
Aurélien Gerbeault