Le ministre français de l’Agriculture était à Bruxelles, ce lundi, pour évoquer la crise qui touche le secteur. Des discussions qui ont abouti à l’annonce de la venue du commissaire européen à l’agriculture à Paris dans dix jours.
Si les agriculteurs français attendaient des annonces à la sortie du conseil des ministres européens de l’Agriculture, ils risquent d’être déçus. A l’issue de la réunion qui s’est tenue ce lundi, aucune mesure concrète n’a été détaillée par Stéphane Le Foll. Seule promesse : la venue de Phil Hogan, le commissaire européen en charge de l’agriculture, à Paris le 25 février pour discuter de nouvelles propositions destinées à aider le secteur agricole à sortir de la crise. "Le commissaire (...) a fait le constat de la gravité de la situation", a indiqué le ministre français de l’Agriculture.
Au cours d’un déjeuner informel, les ministres des Vingt-Huit ont débattu de la situation des marchés, du lait et de la viande porcine en particulier, qui avaient fait l’objet de mesures d’urgence en septembre dernier. "Tout le monde fait le constat que ces propositions n'avaient pas permis, loin s'en faut, d'être à la hauteur de la situation que nous connaissons", a souligné Stéphane Le Foll. Le ministre a présenté devant ses homologues une série de nouvelles propositions établies par la France dans le cadre d’un mémorandum. Il réclame par exemple des crédits à l’exportation pour les producteurs de lait.
Je présente les points clés du #mémorandum français au Commissaire UE @PhilHoganEU #criseagricole #marchés pic.twitter.com/21baDsCHeR
— Stéphane Le Foll (@SLeFoll) 15 Février 2016
Selon le FN, l’UE a « aggravé » la crise
Le choix du gouvernement français de se tourner vers l’Europe pour venir en aide aux agriculteurs a été accueilli froidement par l’opposition. Pour Florian Philippot, le gouvernement se fait des "illusions" en s’en remettant à l’UE pour régler une crise dont elle est "aux origines même". Le vice-président du Front national estime que l’UE a "aggravé" la situation "par son inconséquence politique et ses refus dogmatiques", évoquant l’embargo russe sur les exportations alimentaires.
De leur côté, le parti Les Républicains ont demandé "un état d’urgence agricole". Le parti de Nicolas Sarkozy propose cinq mesures pour aider les agriculteurs : la baisse des charges, un moratoire sur les normes ("un boulet aux pieds des agriculteurs français"), la suppression du compte pénibilité, une régulation du prix des matières premières et la fin de l’embargo russe.
La mobilisation continue
Depuis plusieurs semaines, les agriculteurs français multiplient les actions, réclamant notamment des meilleurs prix d’achats de leurs produits. La mobilisation s’est poursuivie ce lundi, malgré l’annonce jeudi soir par François Hollande d’une baisse des cotisations sociales immédiate pour "l'ensemble des agriculteurs". En Bretagne, l’accès à la ville de Vannes, dans le Morbihan, a été bloqué. Les agriculteurs ont annoncé renouveler leur mobilisation mercredi, à Rennes. Les agriculteurs normands ont, quant à eux, perturbé la circulation sur le périphérique de Caen avant de se replier vers Bayeux. Des actions ont également été menées dans l’Ain, le Gers ou l’Allier.
Elodie Troadec