Le ministère de l’Intérieur a lancé, mardi 8 février, un nouveau Service d’information des armes. Hadrien Neumayer, armurier à la Tour du Pin (38), revient sur le lancement de cette nouvelle plateforme.
Simplifier les démarches pour enregistrer des nouvelles armes à feu, faciliter les contrôles de la part des autorités.. le ministère de l'Intérieur a lancé, ce mardi 8 février, une nouvelle plateforme d'information des armes. À terme, ce nouveau logiciel concernera toutes les catégories de tireurs et tout détenteur d’une arme à feu devra s’y inscrire pour acquérir une nouvelle. Hadrien Neumayer, armurier à la Tour du Pin (38), revient sur ce nouveau système.
Pouvez-vous expliquer ce que change cette réforme du Service d’information des armes (SIA) ?
La principale évolution concerne la dématérialisation complète du SIA. Jusqu'à maintenant, tout devait passer par le papier : l’armurier devait déclarer par papier un achat d’arme à la préfecture de l'acheteur concerné. Théoriquement, le traitement de l’achat devait prendre un mois, mais il est arrivé que ce soit un an ou plus. Ensuite, la préfecture renvoyait un récépissé papier à l’acheteur. Enfin, une fois chez l’acheteur, le document pouvait être détruit ou simplement perdu. Le nouveau système est donc plus pérenne et surtout plus simple. Avec la dématérialisation, un détenteur d'armes peut créer son compte depuis chez lui et très peu de papiers sont demandés. S’il veut le faire en armurerie, c’est aussi possible et ça prend un quart d’heure maximum, ajouter une nouvelle arme est encore plus rapide. Ensuite, chaque utilisateur possède un râtelier numérique avec toutes ses armes, en tout cas celles déclarées à l'administration.
Le ministère de l’Intérieur parle aussi de « connecter tous les acteurs du monde des armes », pourquoi ?
Le SIA va regrouper les armuriers, les détenteurs d'armes, mais aussi les fédérations de sport de tir. Chaque détenteur d’une arme à feu, qu’il soit chasseur, collectionneur ou qu’il fasse du tir sportif, aura un numéro SIA. Donc ce sera très facile de le retrouver, lui et ses armes. Tous les acteurs auront une interface commune et les autorités pourront faire des contrôles plus facilement. Avant cela, le seul registre informatique, nommé application de gestion du répertoire informatisé des propriétaires et possesseurs d’armes (Agrippa) était uniquement disponible pour l’Etat. Mais il était bourré d'erreurs car, avant que les armuriers ne s'occupent de toutes les déclarations, les particuliers pouvaient s’en charger. Résultat : les préfectures nous appelaient pour comprendre ce que signifiaient les papiers qu'elles recevaient. Donc cette réforme va aussi permettre d’assainir tout cela.
Il y aura donc une meilleure traçabilité des armes ?
Oui, c’est aussi l’un des objectifs de la réforme. Avec le nouveau SIA, les contrôles seront plus simples. Jusqu’à présent, lors du contrôle annuel de gendarmerie, il fallait sortir un registre papier, le contrôle pouvait prendre du temps, il arrivait que tous les stocks n’aient pas été comptés, etc. Maintenant, ils pourront nous dire : « sortez-moi, celle-ci ou celle-ci » et les contrôles seront très facilement faits. Pour les particuliers, ce sera globalement la même chose, les autorités sauront ce que tout le monde a avec certitude et précision. Mais il faut bien rappeler que la législation n’a pas changé. Il ne devrait pas forcément y avoir plus de contrôles mais ils seront juste plus simples à réaliser pour les autorités.
Nils Sabin