L'ex-président Nicolas Sarkozy a été auditionné mardi matin et mis en examen pour financement illégal de sa campagne électorale de 2012 par les juges d'instruction, à Paris, dans le cadre de l'enquête sur l'affaire Bygmalion. Il a également été placé sous le statut de témoin assisté des chefs d'accusations suivants : usage de faux, abus de confiance et escroquerie.
Que lui est-il reproché ?
Nicolas Sarkozy est soupçonné d'avoir organisé un système de fausses factures pour que les dépenses liées à sa campagne soient inférieures au plafond légal de 22,5 millions d'euros. Le montant de 21,3 millions d'euros déclaré par le candidat avait été invalidé en juillet 2013 par le Conseil constititutionnel, entraînant l'annulation des remboursements des frais de campagne.
Au cœur de ce système, l'agence de communication Bygmalion, dirigée à l'époque par Bastien Millot, très proche de Jean-François Copé, alors président de l'ancienne UMP. L'entreprise, prestataire de campagne, aurait facturé au parti les dépenses du candidat, soit près de 18,5 millions d'euros, prétextant des événements fictifs ou dont les coûts auraient été largement surévalués.
En plus des fausses factures de Bymalion, l'UMP aurait dépensé, selon Jérôme Lavrilleux, ancien directeur du cabinet de Jean-François Copé, plus de 10 millions d'euros, au lieu des 2,5 millions prévus dans le budget du parti, afin de financer des affiches ou le transport des militants.
Au total, plus de 50 millions d'euros avaient été dépensés par l'ex-président, un montant largement supérieur au maximum autorisé.
Que risque-t-il ?
Si les accusations contre lui sont avérées, c'est l'article 113-1 du code électoral qui s'applique. Il prévoit jusqu'à un an de prison et 3750 euros d'amende pour chaque candidat ayant "fait état, dans le compte de campagne ou dans ses annexes, d'éléments comptables sciemment minorés".
Quelles sont les autres personnes impliquées ?
Des cadres de Bygmalion, des responsables de l'UMP ou de la campagne présidentielle de 2012, ont été mis en examen. Au total, 13 personnes sont actuellement poursuivies. Plusieurs cadres de Bygmalion, Guy Alvès, Frank Attal ou Sébastien Borivent, ont reconnu l'existence de la fraude. Jérome Lavrilleux, quant à lui, accuse Eric Cesari, directeur général de l'UMP en 2008, d'avoir mis en place ce système frauduleux et Fabienne Liadzé, directrice financière de l'UMP et responsable du pôle finances de la campagne de 2012, de l'avoir exécuté.
Christelle Pravixay