Douze ans après leur premier procès, ils sont une nouvelle fois jugés pour “traite d’être humain”. Ce lundi 9 septembre, au tribunal correctionnel de Nanterre, s’est tenu le procès de Candide et Gabriel Mpozagara, ancien ministre et diplomate burundais. Dans cette affaire d’esclavage moderne, ils sont accusés d’avoir séquestré et exploité un de leur concitoyen durant 10 ans. Méthode Sindayigaya, sorti de l’enfer qu’il raconte avoir subi dans l’habitation du couple à Ville d’Avray, ne serait pas leur première victime.
Nièces orphelines déjà exploitées
En 2007, ils avaient déjà été jugés pour avoir utilisé leurs nièces orphelines comme servantes. Logées au sous-sol du pavillon, elles exécutaient des tâches domestiques sans rétribution. Le tribunal correctionnel de Nanterre avait déclaré les époux coupables - notamment pour “ soumission de personnes, en abusant de leur vulnérabilité ou de leur situation de dépendance, à des conditions de travail ou d’hébergement incompatibles avec la dignité humaine ” - au regard de l’article 225 du Code pénal, introduit par une loi de 2003. Mais en 2009, la cour d’appel avait seulement condamné l’épouse, au motif de violences volontaires aggravées sur l’une de ses nièces.
Cette première affaire, conduite devant la Cour européenne des droits de l’homme, avait même débouché sur une modification de la législation française. Dans son arrêt du 11 octobre 2012, la Cour avait considéré qu’il y avait eu de la part de la France une “ violation de l’article 4 de la Convention à l’égard de la première requérante, au titre de l’obligation positive de l’Etat de mettre en place un cadre législatif et administratif permettant de lutter efficacement contre la servitude et le travail forcé ”. Lors d’un précédent procès, cette même Cour avait déjà condamné l’Etat français, considérant que sa législation pénale n’avait pas assuré à Siwa-Akofa Siliadin, ressortissante togolaise, une protection concrète et effective contre l’exploitation dont elle avait été victime. De 1994 à 1998, non rémunérée, elle avait été la domestique de deux couples.
L'article sur la traite des humains modifié
En 2013 la France a, en conséquence de ces deux affaires, modifié sa législation pénale en la matière. Désormais, l’article 225-4-1 (et 225-4-2) relatif à la traite des êtres humains comprend notamment la “réduction en esclavage”, la “soumission au travail ou à des services forcés”, la “réduction en servitude”. L’absence de consentement ne constitue plus une circonstance aggravante mais est inhérente à la traite. C’est au regard de cette nouvelle législation que les époux Mpozagara ont été jugés, des années après leur premier procès.
Thémïs Laporte
Trois mois après la découverte de steaks frauduleux provenant de Pologne, un nouveau scandale a éclaté dans le secteur de l’agroalimentaire. La radio RTL a révélé ce lundi que 360 escalopes de poulet, gorgées d’eau, ont été vendues à des associations caritatives telles que Les restos du cœur ou la Banque alimentaire. Ces morceaux de viande surgelés contenaient une teneur en eau supérieure à la norme européenne. Pour les faire peser dans la balance, une entreprise danoise injectait de l’eau dans les produits carnés et augmentait ainsi le prix de revient au kilo. Isabelle Jecker, diététicienne-nutritionniste à Strasbourg, incite les consommateurs à manger plus local.
Si les risques sanitaires ont été écartés, les consommateurs sont quand même victimes d’une fraude économique. Comment obtenir plus de transparence sur les produits que l’on consomme?
Ce n’est pas le premier scandale et ca ne sera pas le dernier. De toute façon, pour que les consommateurs retrouvent la confiance dans l’alimentation, il vaut mieux se tourner vers des producteurs locaux et vers une production plus artisanale. Soit en achetant sa viande directement à l’éleveur, soit en allant chez un boucher, qui pourra nous donner des éléments sur l’élevage. Ils savent comment les bêtes ont été élevées, si les poulets ont vu la lumière du jour, si les vaches vont pâturer.
La petite commune allemande de Waldsiedlung, situé à 30 kilomètres au nord-est de Francfort, est au cœur d’une indignation internationale. La raison : le néonazi Stefan Jagsch, du parti national-démocrate NPD, a été élu chef du conseil municipal. Et a bénéficié du soutien de membres locaux des sociaux-démocrates (SPD), des libéraux (FDP) et même du parti de la chancelière Angela Merkel (la CDU), lors de son élection.
La presse allemande indignée
L’Allemagne est sous le choc. Le vice-président de la NPD du land de la Hesse, connu pour ne pas avoir toujours respecté la Constitution allemande, est élu chef d’un conseil municipal d’une bourgade de 2600 habitants. « On a touché le fond dans la politique allemande » titre le tabloïd Bild qui parle d‘une « élection scandaleuse » et « d’un éclat sans précédent ». Le journal conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung (Faz) y voit « la fin d’un tabou ».
Comment une telle chose a-t-elle pu se produire? « Nous n’avions pas d’autre candidat – et surtout pas de candidat jeune qui s‘y connaisse avec les outils informatiques, qui sache envoyer des mails » dit l’élu local Norbert Szielasko de la CDU au journal local Hessenschau. Le journal de gauche Taz juge l’explication « incroyable ». Un néonazi, a-t-il été élu uniquement pour sa capacité à écrire des mails ? Un autre élu local de la CDU, Werner Zientz, a admis ne pas avoir pris la situation avec « sérieux ». Qui est Stefan Jagsch et pourquoi a-t-il été élu, se demande la presse. Un journaliste du Spiegel online s’est même déplacé à Waldsiedlung afin d'interroger les habitants. Un de ses interlocuteurs assure que Stefan Jagsch est « un mec super », et ajoute : « Il dit encore ‚Bonjour‘ ». Mais il existe aussi des voix divergentes. « Je suis complètement stupéfait », reconnaît un jeune homme.
Les Verts, la SPD et la CDU condamnent l'élection
Les partis politiques nationaux sont eux aussi stupéfaits. « C’est un reniement de la démocratie " s’étranglent les Gruenen (les Verts) au journal Frankfurter Allgemeine Zeitung. Paul Ziemiak, secrétaire générale de la CDU, déclare au journal Bild que cette élection est une « honte » et qu’il attend qu'elle soit « corrigée ». Plusieurs journaux citent aussi Ralf Stegner de la SPD, qui éspère que la décision soit vite reportée. Annegret Kramp-Karrenbauer, présidente fédérale de la CDU, le soutient. D’autres médias, comme le Tagesspiegel, reprennent aussi le tweet de Lars Klingbeil, secrétaire général du SPD: « La position du SPD est claire : nous ne coopérons pas avec des nazis ! Jamais. »
Un choix aussi controversé peut-il vraiment être révoqué ? Quelles seront les conséquences de ce scandale qui dépasse les frontières allemandes ? La presse est en émoi. Avec, pour le moment, plus de questions que de réponses. Quant à Stefan Jagsch, il a déclaré à la Deutsche Presse-Agentur, l’agence de presse officielle allemande, trouver ce débat « complètement exagéré et ridicule ».
Mariella Hutt