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L'incendie du Cuba Libre, un bar de Rouen, s'est déclaré dans la nuit du 5 au 6 août 2016./ Photo Capture d'écran Google Street View

Une quinzaine de jours après avoir fêté son centenaire, British Airways fait face à une grève historique. En conflit avec ses pilotes au sujet de négociations salariales, la compagnie aérienne britannique est contrainte d’annuler presque tous ses vols ce lundi 9 et mardi 10 septembre.

Près de 1 700 vols et 280 000 passagers sont concernés principalement sur les aéroports londoniens d’Heathrow et de Gatwick. Environ 93% des 4 300 pilotes membres du syndicat Balpa (British airlines pilots association – « Association des pilotes de ligne britanniques ») sont mobilisés. Une première pour le transporteur britannique.

Des négociations au point mort

En moyenne British Airways distribue 100 000 livres (111 000 euros) en salaire annuel aux pilotes confirmés. La compagnie « paye bien et propose de bonnes conditions de travail » selon Balpa. Seulement, pour le syndicat, les pilotes ont fait des « sacrifices » ces dernières années et devraient tirer davantage profit des bons résultats de leur employeur. Avec un chiffre d’affaires de 6,52 milliards d’euros au premier semestre de 2019, British Airways est l’une des compagnies les plus rentables d’Europe.  

Au mois d’août, la direction affirme avoir proposé une augmentation de salaires à hauteur de 11,5% sur trois ans. Une offre qu’elle qualifie de « juste » mais qui a été rejetée. Depuis, les négociations sont au point mort. Jeudi 5 septembre la compagnie a récusé une dernière offre du syndicat qui proposait de renoncer à la grève en échange d’une reprise des discussions.

Une perte de 44 millions d’euros par jour

Selon le transporteur, les revendications des pilotes lui coûteraient 50 millions de livres en plus, ce que conteste Balpa. « British Airways choisit délibérément de faire en sorte que les grèves aient lieu », a réagit Brian Strutton, secrétaire général du syndicat. Il estime qu’un jour de grève coûtera à British Airways 40 millions de livres (44 millions d’euros). Un chiffre inférieur de 5 millions de livres à la somme réclamée par les pilotes.

Depuis, la tension monte. D’après le Financial Times, la direction a envoyé vendredi 6 septembre un e-mail à ses pilotes en menaçant de sanctions ceux qui prendraient part au mouvement. Ils perdraient pour trois ans les généreuses conditions dont eux et leur famille bénéficient lorsqu’ils voyagent.

D’autres jours noirs à prévoir

La mobilisation devrait impacter certains vols de mercredi 11 septembre. Une nouvelle journée de grève est prévue le 27 septembre. Propriétaire de British Airways, le groupe hispano-britannique IAG, qui comprend aussi la compagnie espagnole Iberia et l’irlandaise Aer Lingus, a proposé des remboursements ou des réservations à d’autres dates.

Outre-Manche, British Airways n'est pas le seul transporteur à faire face à des grèves. Une partie des pilotes de Ryanair au Royaume-Uni ont annoncé la poursuite de leur mouvement en septembre, même si les perturbations ont été jusque là très limitées.

Benjamin Martinez

Ce lundi débute le procès de l'incendie accidentel du Cuba Libre. En 2016, 14 personnes avaient trouvé la mort dans ce bar de Rouen, non conforme aux règles de sécurité.

Grève monstre des pilotes de British Airways

09 septembre 2019

Grève monstre des pilotes de British Airways

La quasi-totalité des avions de la compagnie aérienne britannique est clouée au sol ce lundi 9 et mardi 10 septembre. En conflit sur les salaires, 93% des pilotes sont mobilisés.

 

 

Que s'est-il passé ?

Il est plus de minuit, le 6 octobre 2016, et la fête bat son plein dans le sous-sol du bar rouennais du Cuba Libre. Ophélie célèbre ses vingt ans, avec une quinzaine d'amis. L'une d'entre eux prend à l'étage le gâteau d'anniversaire, couvert de longues bougies. Elle descend l'escalier étroit et bas de plafond qui mène au sous-sol. Les murs prennent feu : la plupart des invités se ruent alors vers l'issue de secours, mais la porte est verrouillée. Six personnes parviennent à s'enfuir par les escaliers, gravement blessées par les flammes. D'autres tentent de se réfugier dans le fumoir, mais ils ne réchapperont pas aux fumées toxiques. Au total, 13 personnes, entre 18 et 41 ans, meurent dans l'incendie. Une quatorzième personne décède un mois plus-tard à l’hôpital.

 

Quelles sont les peines encourues ?

Les deux frères gérants du Cuba Libre, Nacer et Amirouche Boutrif, encourent des peines de cinq ans de prison et 76 500 euros d'amende. Ils comparaissent au tribunal correctionnel de Rouen pour homicides involontaires et blessures « par la violation manifestement délibérée d'une obligation particulière de prudence ou de sécurité» . Pendant l'enquête, en 2016, les deux prévenus ont reconnu leur responsabilité, comme le rapporte le Parisien : « Tout est de ma faute », aurait déclaré Nacer Boutrif en pleurs, selon une source judiciaire. Lors de son procès-verbal, son frère Amirouche a assuré qu'il aurait « préféré mourir » avec les victimes. Tous deux ont reconnu des négligences dans la gestion de leur établissement.

 

Quelles défaillances ont provoqué l'incendie ?

L'enquête judiciaire a relevé de graves manquements aux normes de sécurité dans le bar du Cuba Libre. Le sous-sol, aménagé en piste de danse, n'était d'abord pas déclaré aux autorités. Les murs avaient été recouverts d'une mousse insonorisante : très inflammable, elle a propagé l'incendie à toute vitesse. Les expertises ont également pointé du doigt la faible hauteur des plafonds, l'utilisation de bougies longues et l'absence d'un système de désenfumage et d'alarme.

 

Qu'attendent les familles des victimes ?

Avec sept jours d'audience, le procès mobilise une vingtaine d'avocats, et 140 personnes portées partie civile. Certains parents de victimes y voient une manière de faire leur deuil. D'autres estiment que l'incendie n'était pas un accident, même s'ils n'ont pas demandé la requalification des faits en homicides volontaires. Rémy Hubert, père du jeune DJ décédé dans le sous-sol du bar, affirmait ce matin sur RMC : « C'est un accident provoqué, puisque tout était là pour que ça s'enflamme. Il manquait l'étincelle qui devait arriver un jour, et elle est arrivée (...) ».

 

Quel rôle joue la mairie ?

Plusieurs familles mettent aussi en cause la mairie de Rouen. Les deux gérants du bar n'avaient pas déclaré leur sous-sol, mais ils publiaient régulièrement sur Facebook des photos des lieux. Une publicité qui aurait dû, selon des plaignants, alerter les autorités. Après la tragédie, la Ville a multiplié les inspections de bars avec sous-sol ou étage : sur 35 établissements vérifiés, seuls 10 étaient aux normes. Deux d'entre eux ont été définitivement fermés.

 

Certains parents de victimes militent pour renforcer la législation nationale en matière de sécurité des bars. Pour lors, aucune proposition de loi n'a été débattue au Parlement.

 

Caroline Celle

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