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© Jeanne de Butler, Enzo Dubesset et Juliette Jonas

Achraf EL BARHRASSI et Leïna MAGNE

ouvraient les fenêtres en plein hiver et mettaient le chauffage à fond”, se souvient Monique. 

Autre changement notable, des interphones avec caméra ont été installés dans les entrées des immeubles. Antonia, 60 ans, en est très satisfaite : “Il y a moins de violence et plus de sécurité.” Avant, les halls étaient en libre accès. Dorénavant, les habitants y accèdent grâce à leurs badges.

Des loyers en augmentation

En revanche, la réfection des escaliers irrite. Habitant la Cité nucléaire depuis 1973, Françoise est mécontente : “Ils ont refait les montées en colimaçon, ce n’est pas pratique pour moi, surtout quand je veux emmener mes courses.”

Revers de cette réhabilitation : les loyers ont augmenté de 15% hors charges selon Paul Strassel, coordinateur d’antenne d’Ophéa à Cronenbourg (ex-CUS Habitat). Pour Samir, natif de la Cité nucléaire, “les familles n’ayant plus les moyens sont parties dans d’autres quartiers comme Hautepierre”.

Proche de la gare mais coupé du centre-ville par l’autoroute, Cronenbourg est aujourd’hui mieux relié au cœur de Strasbourg par les transports en commun. 

Le quartier souffre encore d’une fracture entre nord et sud et tente de gommer son image négative. Entre plan de rénovation urbaine, ouvertures de nouveaux commerces et impulsions associatives, “Cro” se réinvente pour offrir un cadre de vie attractif et dynamique.

[ Plein écran ]

Les 2000 logements de la cité nucléaire sont sortis de terre entre 1963 et 1972  © Achraf El Barhrassi et Leïna Magne

Vers plus de confort et de sécurité

Le chauffage a aussi été remis à neuf. Des répartiteurs ont été installés dans chaque logement. Ils permettent aux habitants d’avoir des factures individuelles à la hauteur de leur consommation et d’obtenir un éventuel remboursement en fin d’année. “Je suis contente de ne plus payer les factures des voisins”, indique Monique, militante de l’association Consommation logement cadre de vie (CLCV). Elle a reçu un acquittement de près de 300 euros fin 2018.

Depuis les travaux, CUS Habitat distribue des flyers chaque mois pour sensibiliser les locataires sur les bonnes pratiques afin de baisser leur consommation. “Certaines personnes

Mis en œuvre de 2005 à 2015, le Projet de rénovation urbaine (PRU) a concerné plusieurs Quartiers prioritaires de la ville (QPV) de l’Eurométropole de Strasbourg : le Neuhof, la Meinau, Hautepierre et Cronenbourg, les Hirondelles à Lingolsheim. Abondé à hauteur de 846,7 millions d’euros sur dix ans, auxquels s’ajoutent des fonds privés d’un montant de 650 millions d’euros, le plan visait une amélioration des conditions de vie des résidents.

Une enveloppe de 100 millions d’euros

Une vaste réhabilitation a été conduite à la Cité nucléaire. Bailleurs sociaux, Eurométropole et municipalité ont injecté près de 100 millions d’euros, dont ont bénéficié 7500 habitants. Le principal chantier concernait l’isolation des immeubles. Elle a été améliorée par l’ajout de dix centimètres de polystyrène sur l’extérieur des murs. Les façades ont été repeintes, pour donner une nouvelle allure aux bâtiments.

Des actions insuffisantes pour certains : “C’est bien de repeindre, mais ce n’est pas ça qu’il faut changer. Et les couleurs qu’ils ont mises, c’est pour Halloween mais pas le reste de l’année”, s’enflamme Angélique, résidant derrière les tours Kepler.

Coincé entre l’autoroute A4, le site du Marché Gare et le magasin Ikea, un petit quartier détonne. S’y tient une trentaine de maisons, imposantes, aux allures bourgeoises. Au 7 rue de Kuttolsheim, derrière un petit portail noir, se dresse une bâtisse à la façade bleu azur, vieillie par le temps. 

"C’est ton fils ? Je ne l’aurais pas reconnu !", lance Monique Grall à sa voisine Noëlle Meiss. A la sortie de l’ascenseur, ce bref échange d’amabilité fait partie du quotidien des deux vieilles dames depuis 1969. Au 4 rue Lavoisier dans la Cité nucléaire, ils sont quatre locataires au long cours, installés depuis un demi-siècle.

Les activités manquent et il faut souvent sortir du quartier pour occuper son temps libre. Si les clubs, l’association Les Disciples et le centre social et culturel proposent une offre sportive et musicale variée, celle-ci reste incomplète. Les riverains s’organisent aussi pour tuer l’ennui.

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