Dans les années 1970, 1000 salariés travaillaient chez Labonal. Ils sont 104 aujourd'hui.
« On sait ce qu'il y a dans la chaussette ! » Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif a vanté mercredi les mérites du made in France chez le fabricant de chaussettes Labonal installé à Dambach-la-Ville dans le Bas-Rhin. 100 personnes travaillent pour l'entreprise créée en 1924, qui fabrique également pour les marques distributeurs, des produits revendus par les enseignes de la grande distribution sous leur propre nom. Pour le président-directeur général de l'entreprise, Dominique Malfait, il est impossible de faire concurrence à la Chine : « Les produits rentrent en France à un coût inférieur à notre matière première. » « Oui, mais les trous sont garantis », s'est amusé le ministre.
La marque Labonal a progressé de 40 % par rapport à l'année dernière, mais la production pour les marques distributeurs a chuté de 24 %. Alors que la situation dans le textile est difficile, Léa Després, bonnetière et 44 ans de maison, a le sentiment d'avoir été entendue.
Les sujets qui fâchent évités
Beaucoup plus critique, Gilles Weber, secrétaire général de la CGT du Bas-Rhin, attendait le ministre à la sortie de Labonal pour lui parler des dossiers sensibles du moment : l'usine Albany à Sélestat, où 126 emplois sont menacés, Clestra à Illkirch-Graffenstaden où ce sont 108 postes qui doivent disparaître ou Pim industrie à Marckolsheim avec une perte possible de 80 emplois. Le ministre avait déjà rencontré les représentants des salariés d'Albany à Paris en décembre et le 31 janvier et leur avait promis de les rencontrer en Alsace. Pour Gilles Weber, le made in France n'est clairement pas la priorité.
Devant les salariés de l'entreprise et en présence du commissaire au Redressement Productif, Jacques Muller, Arnaud Montebourg a rodé sa communication, vantant les mérites du dialogue social à l'allemande. « Le consommateur est aussi un producteur », a-t-il ajouté, avant de se féliciter du nouveau positionnement des enseignes de distribution, qui « se convertissent au marquage patriotique. »
Les fournisseurs pas payés
Le ministre était attendu de pied ferme chez Caddie à Drusenheim, la deuxième étape de son périple made in Alsace. 400 collaborateurs travaillent pour l'entreprise qui a été placée en redressement judiciaire en mars 2012 et reprise deux mois plus tard par l'équipementier français Altia.
120 emplois ont été supprimés chez Caddie suite au redressement judiciaire en mai 2012.
Neuf mois plus tard, les difficultés persistent. « En janvier, les salaires ont été payés, mais pas les fournisseurs », explique Jean-Paul Ostertag, délégué CFTC. Son collègue, Luc Stromeyer, syndicaliste CFTC, s'inquiète de l'engagement de l'Etat. « Le fonds stratégique d'investissement (qui injecte de l'argent dans les entreprises en difficulté, ndlr) a promis de rentrer dans le capital de Caddie il y a six mois. Pour l'instant, rien n'a été fait. »
Comme à Labonal, Arnaud Montebourg a assuré le service après-vente du gouvernement, éludant la question du fonds stratégique d'investissement et répétant les bienfaits du dialogue social allemand. Il a aussi vanté la Banque publique d'investissement ou la réforme de la formation professionnelle annoncée lundi par François Hollande. Le chantre de la démondialisation a critiqué l'Union européenne, qu'il accuse de ne pas soutenir la France contre les pays qui cassent les coûts de production.
Mathilde Cousin et Sonja Kättner-Neumann