La 3D au service de la santé. L'Alsace finance plusieurs projets dans ce domaine. A l'Ircad (Institut de recherche sur le cancer de l’appareil digestif), on utilise la trois dimensions pour créer la médecine de demain.
Une machine qui utilise la 3D pour créer des prothèses dentaires. C'est l'acquisition, mardi, du laboratoire strasbourgeois Flecher, financée en partie par la région. L'Alsace est à la pointe dans le secteur des technologies nouvelles appliquées à la santé, elle y emploie près de 18 000 personnes. La preuve par l'exemple, Cuej Info s'est rendu à l'Ircad (Institut de recherche sur le cancer de l’appareil digestif), l'un de ses fleurons dans le domaine, où se prépare la chirurgie de demain.
Parmi ces technologies de pointe : des copies virtuelles qu’on nomme des modèles. La modélisation 3D crée une sorte de clone numérique d’un patient ou de l’un de ses organes à partir de données qui lui sont propres. Grâce à cette modélisation, copie conforme et unique du patient, le chirurgien peut effectuer différentes opérations virtuelles.
Stéphane Nicolau, directeur de recherche à l'Ircad va plus loin : il travaille sur la réalité augmentée. Il s’appuie sur des images réelles ou des modèles 3D d’organes et y appose des informations supplémentaires. Les chirurgiens pratiquent aujourd’hui leurs interventions, les yeux rivés sur un écran. Ils y voient ce qu’ils sont en train de faire. Grâce à la réalité augmentée, on peut y ajouter des données. Par exemple, le chirurgien opère un foie, il le voit à l’écran. Il peut décider de faire apparaître, par un jeu de superposition ultra-précis, le réseau vasculaire du foie, invisible à l’œil nu. Cet apport de données permet d’être plus rapide et plus précis.
Quel avenir pour ces technologies de pointe ?
Pendant longtemps l’Ircad a travaillé avec et pour l’Hôpital civil. Aujourd’hui, cet organisme public compte lancer une start-up qui fournirait à distance des modélisations de patients en trois dimensions. Concrètement, les hôpitaux enverraient les données médicales à sa société, qui renverrait une modélisation 3D propre au patient et qui correspond à la demande des praticiens.
Cette start-up ambitionne de démocratiser l’accès à la modélisation 3D. Cette médecine ultra-personnalisée est la médecine de demain. Les coûts et le temps qu’il faut pour réaliser un modèle en 3D d’un patient ne la rendent pas encore accessible au grand public. Mais les chercheurs de l’Ircad, entres autres, ont en tête cette généralisation des méthodes nouvelles. Plus encore, pour Stéphane Nicollau, la vraie médecine de demain est une médecine prédictive où l’on traiterait les maladies en amont.
L'Ircad et ses travaux attirent chaque année 4 000 chirurgiens venus se former aux toutes dernières innovations.
Marie Gesquière