Depuis le mois de novembre, la station d'épuration de Krautergersheim produit de l'énergie propre à partir des résidus des choux à choucroute.
Si le jus à choucroute ne deviendra jamais un breuvage apprécié des Alsaciens, il pourrait devenir le nouvel or vert des producteurs d'énergies renouvelables. La nouvelle station d'épuration de la vallée de l'Ehn située près de Krautergersheim, la "capitale" autoproclamée de la choucroute, traite depuis novembre les jus de choux provenant des exploitations locales.
Une dizaine de fermes à choux situées dans un périmètre de dix kilomètres, acheminent chaque semaine leurs déchets à la station. Auparavant, tous les jus partaient en direction de la station d'épuration de Strasbourg où il ne subissaient aucun traitement spécifique. "Ce qui était un déchet avant, on en fait un produit valorisé", se félicite Jêrome Fritz, le directeur du site. Chaque année, 30 000 mètres cubes seront ainsi retraités sur place.
Le jus est issu du processus de fermentation des choux coupés en lanières qui donnent la choucroute. Celui-ci contient une forte concentration en carbone, ce qui en fait un élément très polluant. Pour comparaison, 300 mètres cubes de jus correspond aux rejets journaliers en eaux usées de 140 000 habitants. Les jus sont traités dans une tour dite réacteur, où se déroule le procédé biologique de la méthanisation grâce à l'apport de bactéries qui vont absorber et digérer certains composés et les transformer en gaz. Le biogaz produit peut alors être utilisé comme énergie directe, ou servir à produire de l'eau chaude et de électricité.
"On utilise le biogaz pour chauffer directement l'ensemble des bâtiments de la station d'épuration et quand on est excédentaire, on le transforme en électricité qu'on revend à EDF", explique le directeur du site. Ces périodes d’excédent correspondent à la période allant de juin à octobre, lorsque les choux sont récoltés et fermentés.
Au total, le biogaz produit sur un an devrait correspondre à la consommation d'énergie de 1 500 personnes et permettre de rendre la station d'épuration énergétiquement autonome. Une initiative qui permet à Suez Environnement, l'exploitant du site, de réaliser des économies non-négligeables. D'autant plus que ce sont les agriculteurs locaux qui se chargent de payer l'acheminement et le retraitement de leurs déchets (13euros/m3). Une première mondiale qui ne devrait pas tarder à essaimer en Allemagne autre pays producteurs de choucroute.
Geoffrey Livolsi et Antoine Izambard