École privée, choc des savoirs, grève des profs... Auditionnée mardi 6 février par la Commission des Affaires culturelles et de l’Éducation, la ministre, déjà au coeur d'une série de polémiques, n'a pas été épargnée sur sa feuille de route.
Amélie Oudéa-Castéra toujours sous le feu des critiques. © Sam Barnes/Web Summit via Sportsfile/flickr
C’était une audition guettée par l’opposition. Et le timing n’a pas joué en faveur de la ministre. Aux polémiques qui suivent Amélie Oudéa-Castéra depuis sa nomination, se sont ajoutées ce jour-là une deuxième grève des enseignants en moins d’une semaine et des rumeurs persistantes de remplacement rue de Grenelle.
« Pour la réussite de tous nos élèves et je suis sincèrement heureuse de cette opportunité d'échanges », a en tout cas cherché à rassurer la ministre de l'Éducation en début de séance. « Les Français attendent beaucoup de leur école. Ils ont raison », a-t-elle ajouté avant de détailler sa feuille de route face aux députés de la commission des affaires culturelles et de l'éducation.
La ministre a notamment défendu la réforme du « choc des savoirs » impulsée par Gabriel Attal lors de son passage à l’Éducation. Elle est revenue sur la création de groupes de niveau en mathématiques et en français pour les élèves de 5e et de 6e. Une mesure très critiquée dans le milieu enseignant, mais qu’elle a estimée « nécessaire par la dégradation des résultats ». En décembre dernier, l’étude Pisa, référence en matière d’éducation de l’OCDE, indiquait que les résultats de la France étaient « les plus bas jamais mesurés ». « Nous voulons remettre l'ascenseur scolaire », a-t-elle martelé à ce sujet. La ministre s’est ensuite félicitée du « triplement d’heures remplacées » et a aussi vanté une hausse annuelle de 8 % du budget de l’Éducation nationale.
« Vous ne convainquez personne »
Une présentation synonyme de projection dans ses fonctions ? Une manière, pour elle, de faire taire les spéculations quant à son sort. Celle-ci n’a en tout cas pas calmé l’opposition puisque Amélie Oudéa-Castéra a été la cible d’interpellations parfois très vives lors de cette audition. « Pensez-vous être à même de pouvoir exercer votre fonction ministérielle ? », a notamment lancé Annie Genevard, députée LR. « Quand vous parlez mixité sociale, vous ne convainquez personne », a raillé Sophie Taillé-Polian, députée EELV.
Une heure avant le début de l’audition, celle qui scolarisait ses enfants dans le prestigieux lycée privé parisien Stanislas était à l’Assemblée dans le cadre des questions au gouvernement. Lors de cette séance, elle a affirmé qu'opposer l’école publique au privé était une « guerre d’un autre âge », alors que d’autres députés criaient le nom de « François Bayrou ». Le président du Modem est pressenti pour la remplacer dans le cadre de la seconde phase du remaniement. Si pour l’heure rien n’est confirmé, une chose est sûre, restaurer la confiance entre le gouvernement et le personnel de l’Éducation nationale, engagé dans une semaine d’actions pour « défendre l’école publique », n’est pas pour demain.
Océane Caillat
Edité par Alexia Lamblé