Le maire de Saint-Étienne est en cours d’expulsion du parti des Républicains après son audience par la police judiciaire ce mardi matin. L’affaire du chantage à la vidéo sexuelle a terni l’image de l’édile, qui enchaîne les mandats à la mairie stéphanoise depuis 1995.
Le maire de Saint-Étienne tombe en déchéance suite à son implication présumée dans un chantage visant son premier adjoint, Gilles Artigues. Photo libre
Il a gravi les échelons pour être respecté dans son parti, il est aujourd’hui poussé vers la sortie. L’affaire du chantage à la sextape, révélée par Mediapart, risque de couper court à ses ambitions. Le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, a une longue carrière à la droite de l’échiquier politique stéphanois. Aujourd’hui, il est accusé d’avoir fait chanter son premier adjoint, Gilles Artigues, à l’aide d’une vidéo à caractère sexuel.
Dès 1995, un an avant de rejoindre le Parti républicain, il est candidat aux élections municipales à Saint-Étienne sur la liste de Michel Thiollière. Il mise sur le bon cheval, le sortant, et est élu au conseil municipal en continu depuis ce premier mandat.
Dans la majorité jusqu’en 2008, il bascule dans l’opposition lors d’une des rares parenthèses socialistes de la capitale du Forez. Sous la municipalité de Maurice Vincent (PS), le nom de Gaël Perdriau prend de l’ampleur. Il devient le chef du principal groupe d’opposition, l’Union pour l’avenir des Stéphanois, qui rassemble des élus de droite et de la société civile.
L’ascension avant la chute
En 2014, la Commission nationale d’investiture de l’UMP, devenu son parti en 2002, accorde à l’unanimité l’investiture à Gaël Perdriau pour diriger la liste du parti aux municipales. Le parti, aussi, mise sur le bon cheval. À l’âge de 42 ans, Il devient maire de Saint-Étienne. En parallèle de ce mandat, renouvelé en 2020, il est également président de Saint-Étienne Métropole.
En tant que maire, il pointe du doigt l’insécurité dans sa ville. Jusqu’à l’excès de zèle : il fait installer une cinquantaine dans un quartier populaire de Saint-Étienne. Il reçoit un avertissement de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, qui estime ses politiques « susceptibles de violer les textes relatifs à la protection des données à caractère personnel ».Il a même connu une envergure nationale d’octobre 2019 à décembre 2021, période pendant laquelle il était vice-président des Républicains.
Un presque ministre ?
Une distinction qui n’a pas duré. L’élu a vivement critiqué les deux principaux candidats à la primaire des Républicains. Il a accusé Éric Ciotti de « dérive idéologiques », estimant que ce candidat ne représentait pas dignement les valeurs de LR. Il avait enfoncé le clou dans un communiqué, en chargeant également la candidate malheureuse à l’élection présidentielle, Valérie Pécresse. Il accuse celle-ci de faire preuve de complaisance à l’égard de son concurrent. « Valérie Pécresse serait prête à gouverner avec Éric Ciotti alors que lui-même se déclare prêt à gouverner avec Eric Zemmour. » Il se désolidarise de la primaire et refuse de choisir l’un ou l’autre candidat. Cette position lui coûte son siège de vice-président et lui a valu de vives critiques de la part de la présidente de la région Île de France : « Si Gaël Perdriau souhaite devenir ministre d’Emmanuel Macron, c’est son choix. » Être ministre, s’il assure que l’idée ne « l’excite pas », comment penser qu’elle ne l’a jamais caressé ?
Après la réélection d’Emmanuel Macron en 2022, Gaël Perdriau ressort de son fief ligérien pour diffuser sa vision pour les Républicains. Il prétend avoir la clef de la survie de son parti : gouverner avec la République en marche. Dans une tribune publiée dans Le Point le 27 avril dernier, il exhorte son parti de demander « à Emmanuel Macron un contrat de gouvernement ». Selon lui, les Républicains devaient, pour éviter de dériver à l’extrême droite, se retrouver avec le parti présidentiel sur des valeurs communes. De là à dire que quelques mois avant sa chute en plein vol, le maire s’imaginait occuper un ministère pour avoir inspiré une telle union de gouvernement, il n’y a qu’un pas.
Amjad Allouchi