Pour la sénatrice Les Républicains du Bas-Rhin Elsa Schalck, qui a parrainé la candidature de Valérie Pécresse, les trahisons politiques ne doivent pas cristaliser les débats publics. Aussi douloureuses soient-elles.
Elsa Schalck, sénatrice Les Républicains du Bas-Rhin, a parrainé la candidature de Valérie Pécresse, vendredi 10 février. © DR
À neuf semaines du premier tour de l’élection présidentielle, le député Les Républicains Éric Woerth a annoncé mercredi 9 février rallier la campagne d’Emmanuel Macron. La réaction ne s’est pas faite attendre côté Républicains : Christian Jacob, le président du parti, a demandé à l’ancien ministre sarkozyste de quitter la formation politique. Elsa Schalck, sénatrice LR du Bas-Rhin, a parrainé la candidature de Valérie Pécresse. Elle réagit à l’actualité politique pour cuej.info.
Après le ralliement d’Éric Woerth à LREM, Christian Jacob n’a pas hésité à sortir les griffes, en évoquant sa fin de carrière parlementaire et ses affaires judiciaires. Êtes-vous étonnée de ce ralliement ?
On peut toujours être étonné de certaines personnes qui trahissent la famille politique qui les ont vu élire et à laquelle ils appartenaient. Éric Woerth, c’est forcément difficile à comprendre quand on voit toutes les critiques qu’il a pu émettre sur la présidence, sur le budget de l’État. Maintenant, ça reste un choix personnel et je pense que ce n’est pas là-dessus que doit se focaliser une campagne présidentielle déterminante pour notre pays. Nos regards sont plus tournés vers le projet de notre candidat et le grand meeting que nous organisons dimanche à Paris.
Vous êtes donc en désaccord avec Christian Estrosi, qui affirme que rallier LREM n’est pas un changement de famille politique mais seulement d’appareil politique ?
Je ne sais pas ce qu’a dit Christian Estrosi. Mais à partir du moment où on décide de soutenir un candidat qui n’est pas de notre famille politique, on décide, de fait, de changer. C’est pourquoi notre président Christian Jacob a demandé à Éric Woerth de démissionner du parti. Car on voit bien qu’on a au sein des Républicains d’autres projets et une autre vision de la société que ceux portés par Emmanuel Macron. Sur beaucoup de thématiques, notamment la décentralisation ou la gestion de la crise sanitaire. C’est une option différente.
Éric Woerth, Edouard Philippe, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Jean Castex… La liste des Républicains est longue dans le camp macroniste. Qu’est-ce qui attire tant chez LREM ? C’est si différent, finalement ?
Il y a eu un temps une attirance pour devenir ministre chez les personnes que vous avez citées, qui est en soi une finalité. En politique nationale, il y a l’attrait d’être en majorité. Mais on a aussi eu des élus de la majorité qui ont décidé de créer leur propre groupe et de quitter LREM. La vie politique est en mouvement. Mais avant de parler de personnes, il faut parler de projets. La décentralisation, la justice, le régalien et la sécurité sont, entre autres, des points de rupture.
Dans l’hypothèse d’un second tour similaire à celui de 2017, appellerez-vous à voter Emmanuel Macron face à Marine Le Pen ?
On est le 11 février, il reste une soixantaine de jours de campagne, l’objectif est de faire en sorte que notre candidate soit au second tour. On voit bien dans les sondages, qui ne sont que des sondages, que ça peut se jouer au pourcentage près. Valérie Pécresse est en tête au niveau des parrainages, ça montre son ancrage local. Le combat est dur mais ô combien important pour avoir deux partis républicains au second tour. On fera tout pour que le second tour ne soit plus celui de 2017.
Recueilli par Grégoire Cherubini
Édité par Séverine Floch