Il n'y a jamais eu autant d'anciens athlètes professionnels sur des listes politiques qu'aux élections municipales 2020. Des noms qui confèrent aux têtes de liste une popularité singulière.
Mamadou Niang sera aussi de la partie ! L’ancien attaquant de l’Olympique de Marseille et de l’équipe du Sénégal rejoint Yvon Berland, président de l’université d’Aix-Marseille et candidat LREM dans la cité phocéenne pour ces élections municipales. C’est ce dernier qui l’a annoncé, mercredi 5 février, sur Twitter.
Bienvenue dans notre équipe mon cher @mamadniang11 ! Ton engagement & ton énergie nous seront précieux pour gagner cette campagne et transformer #Marseille ! #Berland2020 #Municipales2020 pic.twitter.com/wP2wHWNeQp
— Yvon BERLAND (@YvonBerland) February 5, 2020
Désormais directeur sportif de l’Athlético de Marseille, club de national 3, Mamadou Niang sera candidat dans le 15e et 16e arrondissement, quartiers nord de la ville, dont la liste sera menée par le député Saïd Ahamada. « Très attaché à Marseille, je vais transformer demain la ville dont j'ai été si fier de porter les couleurs hier », a déclaré dans un communiqué le champion de France 2010 avec les ciels et blancs.
Un renfort de poids pour La République en Marche
« Je suis très heureux que Mamadou rejoigne notre équipe, a affirmé Yvon Berland. Au-delà du symbole qu’il représente pour l’ensemble des Marseillaises et des Marseillais qu’il a tant fait vibrer au cours de sa carrière, il incarne également un modèle de réussite et d’engagement. »
À 40 ans, cette figure populaire emblématique sera un renfort de poids pour La République En Marche, qui a fait de la prise la cité phocéenne l’un de ses principaux objectifs. La succession de Jean-Claude Gaudin est un enjeu majeur de ces municipales.
Niang ne sera pas le seul sportif à s’inviter dans la lutte des urnes. Jackson Richardson, ancien international français de handball, s’est engagé aux côtés du sénateur des Bouches-du-Rhône, Bruno Gilles, candidat dissident Les Républicains - Martine Vassal ayant remporté l’investiture du parti. Cette dernière avait également annoncé le soutien d’un ancien grand nom du football, Manuel Amoros, qui a connu ses heures de gloire dans les années 1980.
« On est tous capables de prendre nos destins en main »
Rarement un scrutin n’aura été autant marqué par la présence d’ex-sportifs, footballeurs pour la plupart, parmi les candidats. Outre Ludovik Obraniak (LR) à Lille, Patrick Revelli (LREM) à Saint-Etienne, c’est Vikash Dhorasoo, candidat La France Insoumise dans le 18e arrondissement de Paris, qui avait attiré l’attention des médias dans un premier temps.
L’ancien milieu de terrain du Paris Saint-Germain a toujours été réputé pour être un footballeur à part, loin du bling-bling et du foot business. En 2005, il devient parrain du Paris Foot Gay afin de lutter contre l'homophobie dans le monde du football. « On nous fait croire que la politique n'appartient qu'à certaines personnes, mais on est tous capables de prendre nos destins en main, y compris les footballeurs », expliquait-il au journal Le Parisien le 25 janvier.
Toucher les quartiers populaires
L’engagement des sportifs dans la politique, un phénomène de plus en plus fréquent ? Cela n’a rien de surprenant pour William Gasparini, sociologue du sport à l’université de Strasbourg. « On a commencé à utiliser les sportifs pour la politique après la période gaulliste. Cela s’est développé parallèlement à la médiatisation croissante du sport. »
« Plus la ville est importante, plus on va chercher des sportifs avec un palmarès important. Un rayonnement national qui leur confère une aura dans l’opinion publique, poursuit l’universitaire à Cuej Info. Dans le cas des petites communes, le champion local peut apporter de nombreuses voix. »
Le choix des secteurs où se présentent Vikash Dhorasoo et Mamadou Niang n’a rien d’un hasard. Que ce soit le 18e arrondissement de la capitale pour le premier ou le secteur nord de Marseille pour l’autre, leur trajectoire leur permet de toucher des quartiers populaires où l’abstention est élevée. « Ils représentent la réussite, c’est symbolique », explique William Gasparini.
« Mon étiquette n’est pas politique, c’est le sport »
« Mon étiquette n’est pas politique, c’est le sport », déclarait Jackson Richardson, dans les colonnes du Parisien, le 11 septembre 2019. Le champion du monde 1995 s’est vu promettre un poste d’adjoint en charge de l’organisation des Jeux olympiques 2024 en cas de victoire de la liste divers droite, où il figure.
Pourtant, les questions liées au sport ne sont pas l'apanage des anciens athlètes. Olivier Rouyer (UMP-UDI), ex footballeur de l’AS Nancy-Lorraine, siège au conseil municipal de la capitale des ducs de Lorraine depuis 2014, où il s’occupe du commerce. Tout comme Fabien Cool, gardien de l’AJ Auxerre au début des années 2000 : il a été conseiller municipal d’opposition (UDF) et membre de la commission logement de la ville bourguignonne entre 2008 et 2014.
Robin Magnier