La débâcle n’en finit pas au PS. Le départ d’Emmanuel Maurel a entraîné des répliques locales. Quinze socialistes bas-rhinois quittent le (petit) navire.
Dans une tribune, le 1er février, les socialistes démissionnaires expriment leur désaccord avec la ligne du PS, désormais trop à droite. Ils situent le virage sous Hollande. Là, l’aile gauche décroche : «Nous n’étions déjà plus pris en compte au sein du parti», retrace Guillaume Chabrol, signataire de la tribune. Et l’aile gauche perde deux hommes : d’abord Benoît Hamon, après sa défaite à la présidentielle, suivi d’Emmanuel Maurel, en octobre 2018. Conseiller de Roland Ries, Guillaume Chabrol quitte ses fonctions au Conseil et Bureau fédéral du PS 67.
La situation locale pèse aussi. «Ce n’est pas mieux ici», selon Patrick Ohrel, 26 ans, et jusqu’à présent secrétaire de la section à Lingolsheim. Lui démissionne en invoquant des dissensions personnelles avec la secrétaire générale du PS 67, Pernelle Richardot. «Elle ne tenait compte de notre avis, ni de l’avis de nos électeurs», estime-t-il. Si les autres signataires se réfugient volontiers derrière des raisons idéologiques pour justifier de leur choix, tous voulaient «marquer le coup» en dégainant cette tribune. «J’ai perdu l’espoir de pouvoir changer le PS de l’intérieur», se désespère Patrick Ohrel. Les autres, dont Lilia Salmi, militante au PS pendant sept ans, partagent cette résignation : ils ne ramèneront plus le PS vers la gauche.
En réalité, Lilia Salmi a quitté le PS en avril 2018. Ce qui la pousse dehors ? La «honte», dit celle qui «soutient toujours des positions de gauche» mais affirme ne pas souhaiter s’engager ailleurs pour l’instant. Idem pour Alice Renault, 27 ans, qui claque la porte du Conseil fédéral et du Bureau fédéral du PS 67. Elle fait une pause, se met en retrait de la politique. Puis il y a ceux qui se sentent incapables de raccrocher, comme Patrick Ohrel. «Une fois qu’on fait de la politique, il est difficile de s’arrêter», confie-t-il. Alors, il restera «actif», et compte bien «figurer sur une liste» pour les municipales de 2020. D’autres démissionnaires imaginent trouver des points de chute chez «Génération.s.» ou «La France Insoumise».
Le PS Bas-Rhinois n’a pas réagi au départ de 15 membres et n’a pas souhaité non plus nous répondre. Combien reste-il encore de socialistes dans le département ? Selon Guillaume Chabrol, qui a milité pendant 10 ans, il n’y aurait plus que 150 à 200 adhérents, dont une centaine sont véritablement actifs. En ce qui concerne «la gauche de la gauche» du parti, ils ne seraient plus, selon lui, qu’une petite quarantaine. L’organigramme départemental comprend désormais des cases vides puisque cinq des quinze démissionnaires étaient élus au sein des différentes instances. Selon Guillaume Chabrol, le PS devrait les remplacer en piochant parmi la quarantaine de militants la plus à gauche, pour respecter l’équilibre politique entre les motions.
Melina Lang