Ce dimanche ont eu lieu les toutes premières élections législatives de l’ère Macron. Dans le Val-d’Oise et dans le Territoire de Belfort, les électeurs étaient appelés aux urnes pour le premier tour de partielles organisées en raison de l’invalidation, en novembre et décembre derniers, de l’élection d’Isabelle Muller-Quoy (LREM) et de Ian Boucard (LR). Des scrutins riches en enseignements.
Jusqu’au 4 février prochain, les partis et la presse auront les yeux rivés sur la première circonscription du Territoire de Belfort et la première circonscription du Val-d’Oise. Le premier tour de ces législatives, censées servir de test pour En Marche et la politique du gouvernement, ne permettent guère de dire si celui-ci est sanctionné ou plébiscité par les électeurs. En effet, si, à Belfort, Ian Boucard passe de 31 % en juin dernier à 39 % des voix et fait figure de grand favori, le candidat des Républicains reconnaît lui-même que le grand gagnant de ces élections, c’est le parti de l’abstention. C’est dans ce creuset qu’il entend puiser sa victoire le 4 février prochain : « mon rôle est non seulement de convaincre ceux qui ont voté pour un autre candidat, précise Ian Boucard, mais surtout ceux qui sont restés chez eux ». Et pour cause, la participation n’est pas allée au-delà des 30 % ce dimanche.
La situation est pire encore dans le Val-d’Oise, où seulement 20 % des électeurs se sont rendus aux urnes. Un peu plus de 29 % d’entre eux ont voté pour la candidate de la majorité Isabelle Muller-Quoi, tandis que 23,67 % accordaient leur suffrage au candidat LR-Udi Antoine Savigna.
Les faiseurs de rois et les parents pauvres
Dans la position du faiseur de roi, la France Insoumise caracole en troisième position tant à Belfort que dans le Val-d’Oise. Son leader, Jean-Luc Mélenchon, s’en félicite ouvertement sur Twitter : « A Belfort, la droite garde son siège. Macron perd 10 points. La France insoumise passe 3ème, nettement devant le FN. Le PS à 1% perd son match avec LO à 1,7%. »
Un si faible score sur une terre emblématique de la gauche est dû, selon le candidat PS à Belfort Arthur Courty, au manque de clarté sur la ligne politique du parti. Ce sera d’ailleurs tout l’enjeu du congrès du PS, selon lui, qui permettra aux socialistes de se doter d’un chef, les 15 et 29 mars prochains. Entre-temps, le candidat malheureux fustige l’attitude triomphaliste adoptée par Jean-Luc Mélenchon, qu’il trouve même « irresponsable ». Tout en se félicitant du fait que le FN ne soit pas devant la France Insoumise, le candidat socialiste tient à signaler que cela reste tout de même une défaite pour la gauche : « Ils ont fait 11 % et n’ont pas progressé par rapport à juin dernier », rappelle-t-il. « Si Jean-Luc Mélenchon veut se réjouir de la mort et de la disparition locale du PS, grand bien lui fasse, renchérit Arthur Courty, mais je constate que la gauche est aujourd’hui très loin du second tour ».
Belfort : la droite garde son siège. Macron perd 10 points. La France insoumise passe 3ème, nettement devant le FN. Le PS à 1% perd son match avec LO à 1,7%.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 28 janvier 2018
Les tractations en marche
A l’heure actuelle, aucune consigne de vote n’a émané des partis éliminés au premier tour. Tandis que la candidate du PS dans le Val-d’Oise renvoie dos-à-dos les candidats LR et LREM, affirmant même que Isabelle Muller-Quoy (LREM) est une sorte de dissidente LR, Arthur Courty, le socialiste de Belfort, annonce que, à titre personnel, il votera Christophe Grudler (LREM), tout en reconnaissant que ce dernier est un ex membre du RPR : « J’entends trop souvent dire que les politiques sont tous des pourris, des menteurs et des voleurs, et je ne conçois pas un seul instant de laisser passer un candidat qui a vu son élection casser pour fraude électorale. » En effet, le Conseil constitutionnel reproche à Ian Boucard d’avoir distribué, dans l’entre-deux-tours des législatives de juin 2017, deux tracts faussement présentés comme émanant du FN et de la France Insoumise appelant à voter pour lui. Ian Boucard, de son côté, rejette ces accusations qu’il qualifie de « propos diffamants ». Il souligne que même en juin 2017, bien avant qu’un soupçon de triche plane sur sa campagne, Arthur Courty appelait déjà à voter le candidat LREM.
Dans la campagne du premier tour, les ténors de la République en Marche et du gouvernement comme Agnès Buzyn et Christophe Castaner se sont déplacés dans les deux circonscritpions pour soutenir leurs candidats. Jeudi, c’est le Premier ministre Édouard Philippe qui viendra apporter son soutien à Isabelle Muller-Quoy dans le Val-d’Oise. Autant dire l’importance, pour la République en Marche, de remporter cette élection à un moment où le gouvernement traverse une mauvaise passe, fragilisé notamment la crise des prisons et Notre-Dame des Landes.
Maxime Bazile