Une interpellation musclée, puis le coup de matraque qui a fait polémique. Europe 1 a publié ce matin les images d'une caméra de vidéosurveillance d'Aulnay-sous-bois. Après avoir été examinée par les enquêteurs de l'Inspection générale de police (IGPN), la vidéo a été versée au dossier. Le pantalon de Théo n'a pas été baissé, mais s'est baissé pendant l'interpellation. Il n'en fallait pas plus pour que l'extrême droite se déchaine.
Sur Twitter, Marine Le Pen et Philippe Vardon (vice-président du FN en région PACA) parlent de « fake news » au sujet de l'affaire. Nicolas Dupont-Aignan évoque même une « manipulation médiatique »
Pseudo « affaire #Theo » : on attend les excuses des associations, des médias et des politiques de gauche pour ce qui apparaît comme une mascarade, une immense #FakeNews pour salir la police française. Une honte ! MLP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 29 janvier 2018
Édifiant.
Et donc, en fait, l'intégralité de "l'affaire #Théo" était une #FakeNews ! On fait quoi maintenant avec tous les médias qui ont préféré faire confiance aux racailles qu'aux policiers ? https://t.co/9eacjDYy04— Philippe Vardon (@P_Vardon) 29 janvier 2018
Enfin, la vérité sur l'affaire #Theo éclate aujourd'hui. Hommage au travail de nos policiers victimes d'une immense manipulation médiatique.
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 29 janvier 2018
Pierre Sautarel, fondateur du site Français de souche, a quant à lui raillé les différentes personnalités qui avait signé une tribune dans Libération suite à cette affaire.
« Une barbarie », « un acte de torture », « indigne d’une démocratie », … : quand politiques, médias et artistes prenaient fait et cause pour Théo https://t.co/yQWKqXdXf3 via @f_desouche
— Pierre Sautarel (@FrDesouche) 29 janvier 2018
D'autres internautes ont cependant pris la défense de Théo, arguant que cette vidéo montrait bel et bien une interpellation violente, et que le coup de matraque ne pouvait être vu comme complètement accidentel, au vu de sa violence.
En quoi cette vidéo innocente-t-elle les policiers... La blessure grave infligée à #Theo n'est pas le fruit d'un accident mais bien d'un acte volontaire. Rien ne justifie la violence de cette interpellation. https://t.co/g0FycDz0Bj
— Manu (@____Manu) 29 janvier 2018
La vidéo de l’interpellation de #Théo est d’une extrême violence. Dire que certains osent s’en servir pour déresponsabiliser les policiers. Honte à eux. Ces hommes, aujourd’hui réintégrés, ne doivent plus jamais exercer. La fonction de policier mérite mieux, bien mieux.
— Thomas Portes (@Portes_Thomas) 29 janvier 2018
La vidéo en question contredit une partie de la version de Théo. Le jeune homme avait en effet soutenu dans un premier temps que les policiers avaient baissé son pantalon et son caleçon avant de lui enfoncer volontairement une matraque télescopique dans l'anus. Sur les images, il apparaît que le bas de son jogging tombe au cours de l'interpellation, houleuse, mais ne lui est pas enlevé.
Confronté à ces images par le juge d'instruction, Théo est revenu sur son récit. Il reconnaît désormais que son pantalon était trop grand, mal serré, et a donc glissé tout seul. Il maintient cependant que le policier lui aurait « volontairement » enfoncé la matraque.
Une thèse que réfute l'IGPN. Dans leur rapport, consulté par Europe 1, les enquêteurs estiment en effet que « si le geste du gardien de la paix (est) à l'origine de la blessure » de Théo L ; à l'anus, « l'élément intentionnel pouvant caractériser le viol n'est pas établi ».
Deux formateurs de la police, spécialistes du « bâton télescopique de défense » ont examiné la vidéo pour expertise, et estimé que « la volonté du policier d'exercer un point de pression au niveau des parties charnues de fesses » est un geste préconisé « pour créer une déstabilisation physique et maitriser le récalcitrant ».
Une confrontation générale des quatre policiers et du jeune homme devrait avoir lieu dans les prochaines semaines, dans le bureau de la juge d'instruction, à Bobigny.
Anne Mellier