Depuis plusieurs jours, le froid attaque toute l'Europe et au-delà, avec des conséquences plus ou moins dangereuses pour les centrales nucléaires.
Les centrales nucléaires ne sont pas faites pour produire une quantité d'électricité versatile (Crédit photo CC: Lourenço Tomás via Flickr).
Grand froid et énergie nucléaire ne font pas bon ménage. Tour d'horizon des risques majeurs dans le monde.
Au Japon, la température d'une cuve de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima continue de grimper depuis plusieurs jours, atteignant 73,3°C lundi 6 février. L'exploitant de la centrale, la Tokyo Electric Power (Tepco), a indiqué que la température du réacteur 2 avait augmenté de près de 30 degrés depuis le 1er février. Le système d'injection d'eau qui sert à refroidir le réacteur ne fonctionne pas comme prévu.
En cause, les 28 ruptures de tuyauterie dues au gel et survenues en seulement une semaine. Les efforts colossaux pour refroidir le réacteur, à savoir l'injection de 10 tonnes d’eau par heure, n'ont donc que partiellement atteint leur objectif.
L’une des explications avancées par Tepco, qui a commencé à injecter davantage d'eau dans le réacteur depuis lundi, est que le circuit d’eau pourrait avoir changé de direction après une opération de pompage, et de ce fait, ne refroidirait plus le reste du combustible nucléaire fondu. Toutefois, aucune trace de xenon, un gaz radioactif, n’a été détectée autour du réacteur.
La baisse des températures en Europe a entraîné une forte consommation électrique. La France, l'Italie et l'Espagne ont davantage recours au chauffage et peinent à couvrir leurs besoins en énergie. Les centrales nucléaires sont en effet faites pour produire une quantité assez constante d'électricité, et non pas versatile comme l'exigent les températures observées en ce moment.
En cas de besoin, la France - où le record de consommation a été battu mardi 7 février à 19 heures avec 100 500 mégawatts - importe de l'électricité d'Allemagne. Or le pays a fermé ses huit plus anciens réacteurs à la suite de la catastrophe de Fukushima, et ne peut plus exporter massivement de l'électricité vers ses voisins européens. La Grande-Bretagne a donc été mise à contribution : une mesure exceptionnelle.
De son côté, l'Ukraine est contrainte, depuis le 1er février, d'importer de l'électricité de Russie .
Dans la centrale slovène de Krsko, qui produit 40% de l'électricité du pays, la surchauffe de la pompe de refroidissement d'un réacteur pourrait être liée aux températures négatives. Il semblerait que le lubrifiant de la pompe se soit solidifié à cause du froid. De fait, la centrale a diminué sa production à un tiers, afin de réinjecter du lubrifiant.
"Cette réduction est préventive et décidée à l'avance. Il n'y a aucun risque (de fuite radioactive)", a déclaré à l'AFP la porte-parole de la centrale, Ida Novak Jerele.
Marine Daviller avec AFP