Pour la société canadienne Vermilion, principal exploitant dans l’Hexagone, le projet de loi présenté par Nicolas Hulot signifie la fin de son activité dans l’Hexagone à l’horizon 2040. Mais il va pouvoir bénéficier de prolongations de ses concessions d'exploitation et permis de recherche déjà en cours de validité.
L'entreprise Vermilion réalise près de 25% de son chiffre d'affaire en France. (Crédit photo : PublicDomainPictures.net)
Le projet de loi visant à interdire la recherche et l’exploitation des hydrocarbures sur le sol français a été qualifié de "plus que symbolique" par Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire. Mais, pour les sociétés qui exploitent les gisements d’hydrocarbures sur le sol français, il a des implications bien concrètes.
L’entreprise canadienne Vermilion réalise près de 25 % de son chiffre d’affaire mondial en France. Elle produit trois quarts du pétrole issu des sous-sols français, ce qui fait d’elle le principal exploitant sur le sol métropolitain. À ce titre, elle est concernée au premier chef par le projet de loi que veut mettre en œuvre le gouvernement. "Lors de l’annonce du plan climat en juin, nous avions compris qu’il n’y aurait plus de nouveau permis d’exploitation délivré. En revanche, l’ajout d’une date de fin pour toutes les exploitations en 2040 est une surprise", confie Jean-Pascal Simard, directeur des relations publiques chez Vermilion en France.
Avec 400 puits et 26 concessions en cours de validité répartis dans six départements, la société pétrolière produit 13 000 barils de pétrole par jour. Si le projet de loi est adopté, elle pourra tout de même voir ses concessions d’exploitation maintenues, mais pas au-delà de 2040. Ce qui signifie la fin des quelque 200 emplois -400 si l’on prend en compte les emplois indirects- que génère l’activité de Vermilion en France à cette date.
Les permis d’exploration délivrés pourront eux-aussi bénéficier d’une prolongation et déboucher sur une concession d’exploitation en cas de découverte. En Alsace, Vermilion effectue, depuis juillet, des recherches dans le secteur de l’Outre-Forêt. "La collecte de données doit prendre fin à mi-septembre. Nous allons ensuite les analyser pour déterminer si l’on fore ou pas. Dans le cas d’une découverte, nous devrions creuser un premier puit, début 2019. Si les quantités sont suffisantes, nous pourrions y investir davantage."
Jean-Pascal Simard doute en revanche de la validité de l’argument écologique à l’origine de la loi : "7,5 millions de barils de pétrole sont produits par an aujourd’hui en France. Ce qui ne sera pas produit dans l’Hexagone sera importé de pays comme l’Arabie Saoudite, où les règles environnementales concernant l’extraction sont bien moins strictes. À cela s’ajoute le bilan carbone généré par le transport. Contrairement au gouvernement, je pense qu’il y a un vrai sens à poursuivre la production de pétrole sur le territoire."
Eddie Rabeyrin