Michel Dupont considère que le projet du grand contournement ouest (GCO) n'empêchera pas la formation de bouchons et ne résoudra pas les problèmes de santé publique. Mais qu'il risque, au contraire, de porter atteinte à la biodiversité.
Source : Infographie Cuej / New's d'Ill n°119 (décembre 2016)
Le grand contournement ouest (GCO) doit décongestionner l'A35, l'une des autoroutes les plus fréquentées de France. Les opposants au projet ont été reçus mercredi 6 septembre à Paris pour une entrevue au ministère des Transports. Parmi eux, Michel Dupont, ancien paysan et bénévole pour le collectif Alsace Nature. Entretien avec cet ex-assistant parlementaire de José Bové.
Pourquoi vous opposez-vous à ce projet ?
La solution de contournement proposée consomme des terres agricoles et ne résout ni les problèmes de circulation sur l'autoroute, ni les problèmes de santé publique. La pollution va perdurer entre l'A35 et l'A355. La nouvelle autoroute n'empêchera pas la formation de bouchons, car ils découlent de la circulation des gens de la périphérie. Il n'y a pas de réflexion globale sur la circulation.
Comment avez-vous manifesté votre désaccord ?
Il fallait réagir car le déboisement de la forêt de Kolbsheim, sur la route de Kolbsheim à Ernolsheim, pouvait intervenir à partir du 1er septembre. Un certain nombre d'opposants ont donc mis en place la Zone à défendre (ZAD) du moulin de Kolbsheim. Le lieu est particulièrement stratégique puisque le concessionnaire, Arcos (une filiale de Vinci), y prévoit des remblais. Les forêts sont de plus en plus réduites en Alsace et on ne peut pas se permettre d'en perdre davantage. Une trentaine de personnes sont présentes actuellement, entre 250 et 350 peuvent être rapidement mobilisées. Ils ont également construit une cabane dans les arbres, au bord de la départementale, entre Kolbsheim et Ernolsheim. Une vigie y est présente et doit appeler à la mobilisation en cas d'évènement majeur.
#Alsace APPEL A Venir construire une OCCUPATION fertile et durable contre Vinci et son monde #Zaddumoulin #GCO #zad https://t.co/7n69guyHLq pic.twitter.com/3QbYIcJhi9
— collectif Alsace NDL (@alsacenddl) 30 août 2017
Vous avez rencontré Marc Papinutti, directeur de cabinet d'Elisabeth Borne, ministre chargée des Transports, à Paris, mercredi 6 septembre. Qu'est-il ressorti de l'entrevue ?
On s'attendait à une entrevue assez courte, mais elle a duré une heure et demie. Marc Papinutti connaît très bien ses dossiers et nous a écoutés. Aucune décision définitive sur le maintien ou non du projet, mais Vinci va devoir apporter des éléments complémentaires après l'avis négatif prononcé par le Conseil national de protection de la nature (CNPN) sur les mesures compensatoires. Marc Papinutti a proposé de faire un relevé écrit de nos échanges, qu'il nous transmettra d'ici la fin de semaine avant d'en rediscuter avec Nicolas Hulot, le ministre d'État de la Transition écologique et solidaire. On peut considérer que l'on a gagné trois mois sur le calendrier, même si Vinci veut poursuivre certains travaux préparatoires. De plus, beaucoup de recours sont encore en suspens sur le fond des textes. C'est pour cette raison que les procédures de remembrement n'ont pas encore réellement débuté.
Ce n'est pas parce que c'est signé que c'est plié ! Grande Manif pour un avenir sans #GCO à Strasbourg le #30sept - https://t.co/wpzLX9u6gG pic.twitter.com/U6zwKtBSKQ
— GCO NON MERCI (@gcononmerci) 6 septembre 2017
Qu'avez-vous prévu pour les jours qui viennent ?
Nous ne sommes pas des personnes violentes et nous ne voulons pas que ce qui s'est passé à Sivens en 2014 [NDLR : la mort d'un zadiste, Rémi Fraisse, à la suite d'affrontements entre forces de police et manifestants] se reproduise. C'est pour cela que nous demandons un moratoire. Mais nous restons déterminés et nous sommes très vigilants.
Timothée Loubière