Le ministre de l'Agriculture Stéphane le Foll a annoncé mardi matin l'abattage systématique de la moitié des canards d'élevage dans le département des Landes, le premier producteur de foie gras en France.
L'épidémie de grippe aviaire (H5N8) dans le Sud-ouest de la France vient d'atteindre un point de non-retour. 360 000 des 600 000 canards d'élevage des Landes, le premier département producteur de foie gras, vont être abattus dans les quinze jours, a annoncé le ministre de l'Agriculture Stéphane le Foll sur les ondes de France Bleu Gascogne.
"Une décision lourde à prendre", a affirmé le ministre, en déplacement dans la journée à Mont-de-Marsan pour soutenir des éleveurs impuissants devant la virulence de l'épizootie de grippe aviaire. Une solution radicale qui semble faire consensus chez les éleveurs. Depuis une semaine, on peut compter une quinzaine de nouveaux foyers par jour dans le département. Nouveau coup dur pour la filière qui se relève à peine des épidémies d’H5N1 de 2015 et 2016.
À la @CCI40, réunion avec les représentants de l'Etat, les élus locaux et les représentants de la filière foie-gras #MontDeMarsan pic.twitter.com/GegF8nyZ1r
— Stéphane Le Foll (@SLeFoll) 21 février 2017
Une crise sanitaire débutée en novembre
Plusieurs alertes de cas de grippe aviaire H5N8 en Europe en novembre 2016 ont poussé le gouvernement à prendre des mesures préventives pour se prémunir de ce type de grippe "hautement pathogène", selon les experts médicaux du ministère.
En décembre, la France est touchée et plusieurs foyers infectieux sont découverts dans des élevages du Sud-ouest. Dans le Tarn, le Gers, les Hautes-Pyrénées et le Lot-et-Garonne. Le 6 décembre, le niveau de risque "élevé" pour la grippe aviaire est étendu à tout le territoire français, entraînant des mesures de confinement et de restrictions de mouvement des élevages.
Arrivent en janvier les premiers abattages massifs, qui ont lieu dans 150 communes de quatre départements du Sud-ouest. Près d'1,3 million de palmipèdes sont tués. Une énorme saillie pour la filière foie gras qui estime les pertes liées à l'épidémie à 120 millions d'euros. L'annonce mardi de l'abattage de 360 000 nouveaux canards augure de nombreuses semaines d'inactivité et des pertes financières énormes pour les agriculteurs. Le gouvernement à promis une indemnisation pour chaque bête abattue.
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L'abattage, solution miracle ?
Alors que l'abattage massif des Landes semble faire l'unanimité chez les éleveurs, une voix dissonante s'élève : celle de la Confédération paysanne. Emilie Deligny, la porte-parole landaise du syndicat classé à gauche jointe par l'AFP, estime que l'abattage préventif est inefficace, "car le virus est toujours là". Elle espère que cette crise sera l'occasion de remettre à plat les modes de production du foie gras, jugés en partie responsable de la diffusion du virus H5N8. Nombre de professionnels remettent en cause l'élevage à échelle industrielle qui fragiliserait la santé des canards et favoriserait l'implantation de virus.
Autre raison de cette propagation et surtout de cette implantation de la grippe aviaire dans le Sud-ouest : la migration des oiseaux sauvages. Le confinement systématique des élevages en hiver pendant la période de migration de ces oiseaux est envisagée par le gouvernement. Mardi, des routes ont même été coupées pour une durée indéterminée dans l'objectif de limiter l'expansion du virus.
Guillaume Reuge