Lancé le 25 janvier sur la page Facebook "0 SDF à Strasbourg", un concept permet aux commerçants et aux particuliers de proposer aux plus démunis certains services.
Un pictogramme à coller sur la devanture de son commerce ou de son domicile indiquant aux plus démunis les différents services offerts, c'est la nouvelle initiative citoyenne entreprise par Muammer Yilmaz. Cet Alsacien n'est pas à sa première action. Il est notamment connu dans la région pour avoir réalisé en 2015 avec l'Allemand Milan Bihlmann, un tour du monde solidaire en 80 jours, sans un centime en poche.
Neuf services à la carte sont proposés :
- café,
- nourriture,
- douche,
- chargement d'appareils électroniques,
- wifi,
- lieu de repos,
- échanges humains,
- toilettes,
- pain.
Sous les vignettes, un espace précise le(s) jour(s) et les horaires pour lesquels ces services sont ouverts.
Le collectif "0 SDF à Strasbourg" existe depuis un an, le pictogramme, lui, depuis 1 mois. " Je partage des idées et ensuite les personnes décident ou non de se les approprier. Il y a près d'un an, on a voulu suivre Laurent, un SDF, et mon objectif a été de l'accompagner dans sa réinsertion. Normalement on vient de lui trouver un emploi ", explique l'homme de 40 ans.
Sa nouvelle idée est née de sa rencontre avec Pascal Niedermeyer, gérant du restaurant Le Petit Coucou dans le quartier du Neudorf à Strasbourg. En janvier, Pascal décide d'offrir la soupe certains après-midi aux plus démunis. Aussitôt, Muammer Yilmaz ouvre cette initiative à tous les commerçants à travers un pictogramme à imprimer librement.
Qu'en pensent les associations ?
" J'ai entendu parler du projet à travers les réseaux sociaux. C'est une initiative citoyenne à suivre, qui peut même être complémentaire de celle des associations professionnelles. Il faut juste faire attention qu'il n'y ait pas de doublons dans nos actions ", explique Lionel Ammel de l'association "Entraide Le Relais". A l'unisson, les trois associations strasbourgeoises contactées - "Entraide Le Relais", "Abribus" et "Antenne" - regrettent le manque de concertation qui nuit à cette action citoyenne.
" Chez les bénéficiaires de notre association, aucune personne n'est au courant de ce mouvement ", note Stéphane d' "Abribus". " Les services proposés partent d'un besoin réel. Mais sans contact, on n'est pas en mesure d'orienter nos usagers. Ce n'est pas une confrontation. Si on a plus d'informations et de liens, on serait prêts à communiquer à nos usagers et à nos bénévoles ", souligne Lionel Ammel.
" Le projet reste intéressant. Même si c'est seulement pour quelques personnes qui sont au courant et qui en profitent c'est toujours ça de pris", ajoute Denise Neumeyer d' "Antenne". Pour Muammer Yilmaz, l'objectif était de lancer ce concept et il n'a pas l'intention à l'avenir de prendre contact avec les associations.
Les initiatives sont individuelles et aucun inventaire précis n'existe. La liste des lieux à avoir adopté le pictogramme n'est donc pas exhaustive.
Pourquoi les SDF n'adhèrent pas ?
Après un mois d'expérience, l'engouement est faible. Une dizaine de structures se sont lancées dans l'aventure. Depuis deux semaines, la boulangerie La Maison aux pains, dans le quartier Esplanade de Strasbourg, l'a rejointe mais aucune personne dans le besoin n'est encore venue. Même refrain du côté du restaurant Le Petit Coucou, " et avec le grand froid qui se termine, je ne pense pas qu'il y ait plus de succès ".
" Les lieux normalisés ne sont pas forcément des endroits qui les attirent. On n'est pas accoutumé à la réalité des SDF et changer leurs habitudes de vie est compliqué ", explique Lionel Ammel. Ajoutée au manque de communication, l'initiative peine à prendre.
Alexis De Azevedo