L’idée d’une alliance entre le candidat socialiste et celui de la France insoumise semble s’éloigner. Au delà des questions de personnalités, ils s'opposent sur le projet politique.
"Je n’ai pas l’intention de m’accrocher à un corbillard". L’idée d’une candidature commune entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon a pris du plomb dans l’aile après la déclaration de ce dernier, vendredi 17 février sur BFM TV. Aucun des deux candidats ne souhaitant se désister au profit de l’autre, une union de la gauche au premier tour de la présidentielle semble aujourd’hui improbable. D’autant que leur projet varient sur de nombreux points.
Si Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon promettent d'abroger la loi travail, le principal point d’achoppement entre eux est la question du revenu universel. Selon la proposition de Benoît Hamon, il serait dans un premier temps de 600 euros par mois pour les 18-25 ans avant de s'étendre à toute la population et atteindre à terme 750 euros. Axe majeur de la campagne du candidat socialiste, il est vivement rejeté par Jean-Luc Mélenchon dont l'équipe redoute un "cheval de Troie libéral".
Le revenu universel de Benoît Hamon est devenu depuis un RSA amélioré jusqu'à 25 ans. #JLMChiffrage https://t.co/FBzTZCzP6i
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 19 février 2017
Le candidat de la France insoumise, qui avait obtenu 11,10% lors de la présidentielle de 2012, ne croit pas à une raréfaction du travail comme le prédit Benoît Hamon, et annonce plutôt vouloir créer 3 millions d’emplois tout en augmentant le SMIC de 15%.
L’un des points de convergences entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon est leur sensibilité pour les questions écologiques. Pourtant, s’ils proposent tous deux d’investir dans la rénovation énergique ou s’opposent à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), leurs objectifs sont parfois différents.
Dans le prochain mandat, il va falloir décider : ma position est clair, il faut sortir du #nucléaire. #BFMPolitique @BFMTV
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 12 février 2017
Le candidat vainqueur de la primaire socialiste en janvier souhaite atteindre 50% d’énergies renouvelables en 2025 alors que celui de la France insoumise promet 100% d’ici 2050 et envisage une sortie du nucléaire. Benoît Hamon parle seulement de réduction.
Les deux candidats souhaitent instaurer une VIe République mais ont différentes priorités. Jean-Luc Mélenchon a récemment mis en avant sa volonté d’abaisser la majorité électorale à 16 ans quand Benoît Hamon annonce la création d'un 49-3 citoyen qui permettrait à 1% du corps électoral d’imposer au Parlement d’examiner une proposition de loi proposée par les citoyens ou de suspendre l’application d’une loi adoptée par le Parlement pour que celle-ci soit soumise à référendum.
Je veux reconnaître le vote blanc, je propose le 49.3 citoyen, et le droit de vote des étrangers aux élections locales. #GrandJury
— Benoît Hamon (@benoithamon) 19 février 2017
Les deux candidats se sont exprimés en faveur d'un scrutin proportionnel aux élections législatives. Jean-Luc Mélenchon le souhaite total tandis que Benoît Hamon veut l'instaurer partiellement.
C’est sur les questions de politiques extérieures que l’opposition entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon est la plus frontale. Ce dernier souhaite renouer le dialogue avec la Russie qu’il voit comme un "partenaire", alors que Benoît Hamon, beaucoup moins catégorique, continue de condamner "l’impérialisme agressif" de Vladimir Poutine en Ukraine ou en Syrie, "qu’il faut traiter avec fermeté".
La diplomatie exige de parler avec tout le monde, mais l'impérialisme de Poutine à Alep est inacceptable #Quotidien pic.twitter.com/gmouLRScV4
— Benoît Hamon (@benoithamon) 2 janvier 2017
Le candidat socialiste ne souhaite pas non plus quitter l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, mesure que préconise Jean-Luc Melenchon. Enfin, concernant l'Union européenne, Jean-Luc Mélenchon souhaite une refondation des traités, sans quoi la France pourrait quitter l'UE. Benoît Hamon n’envisage lui aucun "Frexit".
Alexis Boisselier